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Mon sitcom
27 juin 2004

Cette femme là

Aujourd'hui, dans une brocante, au détour d'un stand, j'ai trouvé une merveille, une perle, le genre de vieillerie des années 50 que je chérie. La revue pratique de LA femme, printemps 1955. D'époque. Un trésor pour un euro cédé par une gentille mémé à moustache avec qui y'a pas eu moyen de marchander. Sur la couverture, une femme pratique qui a une vie vachement pratique sourit en rangeant des marguerites en plastiques dans un pot de fleurs en terre cuite super pratique. Une merveille de machisme, une ode à la femme objet droguée au Roja Plis, shoutée à l'O Cedar, sniffeuse de Brillantine. Je me plonge dans cette lecture éducative pour jeune femme en déroute que je suis. Page 43, j'apprend avec effroi : "Etre mesurée, discrète, joyeuse, la recette de Jacqueline pour garder son mari". Y'a même une photo de l'agaçante Jacqueline. Elle rie aux éclats en touchant son collier de perles alors que ce qui ressemble à un mâle dominant fume son cigare au loin (on sait que c'est L'homme parce que dans ses yeux on voit bien qu'il prend vachement de distances par rapport à la situation genre ma femme est une gourde mais elle est vachement bien foutue et elle parle pas trop). Jacqueline, elle est contente, elle est comme çà, Jacqueline, un rien l'amuse. Le sourire malicieux, faut baisser les yeux devant ces messieurs. J'continue ma lecture. Page 40, je tombe sur le Code du bonheur adressé à toutes les pauvres brebies égarées qui ont loupé le coche de la vie en formica fournie par Mobalpa. " L'amour, l'amitié, le succès, la réussite dépendent en 90% des cas de votre comportement ". Un tournant. Tout devient évident. Si une femme est sotte* (*conne), peu gracieuse* (*moche), délaissée* (*sans mari fixe ou pire encore chez ses parents) c'est de sa faute* (*conne + moche = sans mari + sans maison). Mathématique. C'est pas moi qui le dit, c'est Eugénie. Pour les connes qui souhaitent être moins connes, y'a quand même solution. Le Centre Culturel Français, 6 rue Léon-Cogniet Paris 17ème. Faut s'incrire là-bas, la pub commence comme çà : 

" Etes-vous capable, Mademoiseille de ne pas decevoir votre fiancée quand il vous interrogera sur vos goûts en Art, Littérature, Musique et Théâtre? (...) Il est si agréable pour un homme d'avoir une femme cultivée! Grâce à nous vous serez une maîtresse de maison admirée et vous constaterez avec plaisir la profonde séduction qu'exercera votre nouvelle personnalité sur votre entourage masculin "

18h00. Je referme La revue pratique de LA femme. Je suis une femme mesurée, je sais m'arrêter avant d'être barbouillée. Demain, j'attaquerai sûrement les chapitres suivants en rêvant d'un pas prince méchant qui m'ordonnera chaque soir amoureusement : « Arrête de jacasser en mangeant». Bouleversant.

" Eh, dis, on joue à la dinette? "

 

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Commentaires
A
Incroyable quand même! J'aimerais bien connaître quelqu'un qui est allé dans ce genre de "rencontre" pour devenir une bonne maîtresse de maison... o_O
L
une initiée...
L
Gemey-Maybelline <br /> COLORAMA<br /> 14 TROPICAL PUNCH
C
Et TETU ne commercialiserais t'il pas le guide du parfait petit homo de la france d'en bas????
C
Le beurk est pour l'idée de la femme de l'époque, pas pour la fellation
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