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Mon sitcom

3 août 2007

Deuxième service

casentpaslarose

Après avoir changé le papier peint, tenté des retours successifs, cassé les murs et modifié la bannière : c'est décidé, "mon sitcom" c'est fini !... Vive "ça sent pas la rose", mon nouveau blog. Nouvelle maison mais toujours le même ton. Et puis tant qu'on y est, je change aussi de déguisement : au placard "Fabulous Lorenza", appelez-moi désormais Rosa Rose (en roulant les "r" d'un air mystérieux, si possible). Pour suivre mes aventures (mince, voilà que je me prends pour un personnage de fiction) : clique ici, ici ou ici. ICI, quoi ! Une seule adresse : http://www.rosarose.canalblog.com

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30 mars 2007

Lâchez le fauve !

lachezlefauve

Entre ma sœur et moi, le sujet était tabou. De LA bête, on ne parlait que très rarement, contraintes et forcées, à mots couverts. « Elle », disait-on par peur de faire resurgir de nos mémoires traumatisées son touffu souvenir. Heureusement, « elle » ne sortait pas souvent de son tiroir. D’ailleurs, quand « elle » pointait le bout de son nez c’est que, forcément, le moment était important : communion, mariage, enterrement ou noces d’or, à la rigueur, si les époux en valaient vraiment le coup. En ces jours « extra ordinaires », le rituel auquel nous assistions -moi à l’âge de raison et ma sœur encore tout accaparée par ses dents de lait- était invariable : ma grand-mère Marcelle pomponnée, la chevelure crantée, le teint poudré, le tailleur impeccable, s’en allait dans sa chambre libérer sa très chère bête avec un plaisir non dissimulé. Le pas dans les escaliers, la porte qui grince un peu, le cliquetis si caractéristique de la penderie, quelques minutes de silence angoissant à peine contrarié par le bruit de frottement d’un carton, un rapide coup d’œil échangé : les mots étaient inutiles, nous le savions toutes deux, ça y est, LA bête était lâchée. Chacun pour soi et sauve qui peut. À peine disposé autour de son cou et déjà ma grand-mère réapparaissait devant son public conquis d’avance, son putois pendant sur les épaules, subtilement assorti à la doublure et aux boutons de sa veste. Ah ! Le détail qui change tout. En matière de mode, Marcelle aimait la précision, goût de l’infiniment petit hérité des années de minutieux apprentissage passées devant sa machine à coudre à pédale. « Toujours aussi élégante ! » s’exclamait en général mon père, bon joueur de pipeau qui connaissait la musique par cœur. « Ah oui, vous êtes très chic » renchérissait ma mère, l’air toujours sincèrement ébahi de la personne surentraînée à la flatterie qui tombe à pic. Je dois bien l’avouer, il avait plutôt du chien ce putois. Un pelage discrètement auburn, « sobre et de bon ton » aurait pompeusement titré Le Petit Écho de la Mode, des pattes graciles, une queue encore fort bien fournie compte tenu de son grand âge. Une belle bête née au milieu des fifties, toujours d’attaque en cette fin des années 80, sacrifiée sur l’autel de la tendance. Pour la bonne cause, répliqueraient les fashionistas de l’époque. Une honte, s’égosilleraient aujourd’hui les « plutôt à poil qu’en fourrure ». Invariablement, l’attention finissait par se porter sur moi et ma soeur. Ma grand-mère, soucieuse de partager avec sa descendance son attrait pour les « belles choses », les « beaux habits » et « les beaux souliers », se plaçait alors à notre hauteur. « Vous pouvez toucher si vous voulez, c’est très doux » nous encourageait-elle, pas peu fière d’arborer le putois de sa vie, fastueux cadeau d’anniversaire de mariage, et de nous accorder l’immense privilège de nous en approcher. À ce moment précis, l’aspect « doux » du monstre ne me sautait pas franchement aux yeux, trop occupée que j’étais à fixer le petit morceau de cuir teinté qui servait désormais de truffe d’apparat à cette pauvre bête. Là où certaines (ma grand-mère et ses très chics amies couturières) y voyaient un accessoire de mode essentiel, moi je ne percevais en cette chose qu’un animal mort. Et rien d’autre. Aurait-on idée de sortir aujourd’hui dans la rue par une froide journée d’hiver avec des gants fourrés en poils d’écureuil, une tête de castor sur les épaules et un manteau en poils de bique ? Non… Quoique, j’ai ouï-dire que certaines résistantes de la première heure cachaient encore dans leur dressing quelques beaux trophées de chasse. Par politesse, par affection, par faiblesse ou tout simplement par peur de dire non, peu importe, je finissais toujours par m’exécuter, approchant ma blanche main d’innocente enfant de la tête de l’affreuse bête, la flattant du bout des doigts. Fermement décidée à ne pas subir en solitaire la douce torture, je n’oubliais jamais d’entraîner ma sœur dans cette terrible épreuve. « Oui, touche, toi aussi, tu vas voir c’est très doux » lui disais-je, l’œil suppliant et le sourire contrit. Ma cadette, coupe à la Louise Brooks, yeux effarés, petite bouche close, les jambes en coton dans son petit pantalon en velours côtelé à bretelles, suivait le mouvement, la main aussi détendue que peut l’être celle d’un robot arthritique. Le putois nous avait eu en beauté, encore une fois. À cet instant très précis, j’aurais juré qu’il me dévorait de son regard perçant, enfin disons de ses deux billes de verre bigarré à effet trompe l’oeil. La tension psychologique à son comble, avis de tempête sous deux petits crâne. Le cerveau en mode « off », nous caressions lentement et en simultané le pelage du macchabée, des mines réjouies de circonstance douloureusement accrochées à nos visages potelés. Allez, une dernière tape sur la tête du putois pour la route et « pour faire plaisir ». Puis le gong mental et final retentissait. Ces secondes-là avaient duré des heures. Plusieurs minutes nous étaient par la suite nécessaires pour revenir complètement à notre monde d’enfant peuplé de Babar, de Bisounours et de Bambi. Le putois, reconnaissons-le, il y a mieux pour faire rêver une petite fille. « Tiens, je t’ai acheté un joli putois en peluche pour ton anniversaire »… Brrrrr, j’en ai presque froid dans le dos. On dit que les enfants sont parfois cruels. J’ajouterais même atrocement cruels. J’avoue, il y a maintenant prescription : oui il m’arrivait de faire peur à ma très chère sœur en lui jurant à voix basse, dans la pénombre et le secret de notre chambre commune, que cette bête-là sortait parfois de son carton, la nuit, à l’insu des adultes, pour venir mordiller les doigts de pieds des enfants de moins de quatre ans. Allez savoir pourquoi, ce putois aimait la chair fraîche. Pour ma part, le fait d’avoir franchi le cap des huit ans me mettait, par chance et pas tout à fait par hasard, hors de danger. Les années ont passé, le putois est parti, vivre sans doute sa vie hors de prix dans un magasin vintage pour amateur du genre « bête à poils morte à s’enrouler autour du cou ». Dieu de la mode soit loué, les putois ne courront sûrement plus jamais les rues… Mais les tendances sont hélas tellement volatiles qu’il m’arrive de craindre le pire. La panthère, les leggings, les talons compensés, les minijupes et les jeans ultra slim, soit. Mais le putois, merci, mais cette fois vraiment, ce sera sans moi. PS : Et si vous aimez joindre le futile à l'agréable c'est par . Oui, . Mais puisque je vous que c'est !

4 décembre 2006

Un blog peut en cacher des autres

unblogpeutencacherunautre

Après une tentative de retour avortée (voir archives), une autre (voir archives), une autre (voir archives) et encore une autre (voir archives) ainsi qu'un début de blog laissé pour mort (voir archives), me revoilà. Dans mon chapeau : un nouveau blog nommé Post Hit. Parce que les tendances tiennent souvent sur des post-it et que la saison suivante on en fait des confettis. Bref, du blabla(bla) pour dire d'aller faire un tour là-bas : http://www.posthit.canalblog.com. 

Une nouvelle presque fraîche* (*un petit goût de déjà vu) : mon sitcom (suspendu pour cause de grève de la scénariste et mutinerie chez les acteurs) revient bientôt sur vos écrans. Le temps de repeindre le décor, faire un peu la poussière et installer la nouvelle bannière. Revenir, oui !* (*mais dans de bonnes conditions, nom d'un blog !).

Vous pouvez aussi aller voir là-haut, j'y suis aussi : http://talonnette.free.fr/talonnette.html. 

18 août 2006

Le cabinet de curiosités

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Sur l’endroit, j’avais eu vent des pires rumeurs. Mireille, femme de ménage des lieux, 15 ans de sévices, m’avait tout dit, citant des noms et des faits précis, plissant des yeux et hochant frénétiquement de la tête avec cet air habité et vaguement inquiétant d'indic qui en sait trop. Arrivée il y a un mois à peine, je collectionnais déjà d'affreuses confidences, secrets lourds à porter dont elle se délestait habituellement entre deux portes et à voix basse. Il fallait se rendre à l’évidence, vu « des cabinets » l’humanité n’était pas très reluisante. L’agent Canard WC est au rapport, les révélations sordides s’enchaînent. Personne n’est épargné, c’est que Mireille a une mémoire très bien rangée. Stoïque j’encaisse, moi qui aimais à penser que mes collègues ne « faisaient » que dans le secret de leurs tanières. J’apprends que Marc, homme respecté de ses pairs, a pour habitude de « mal visé » et « pas que pour la petite commission ». Gros, très gros points de suspension. Quant à Jérôme, c’est bien simple « on le suit carrément à la trace ». Pire, Elodie, jeune femme fort bien de sa personne, se lave que très rarement les mains « en sortant ». Et dire que tout à l’heure, elle a gentiment proposé de sucrer mon café… La collectivité réveillerait donc les plus bas instincts, poussant l’être humain à « faire » sur son lieu de travail ce qu’il n’oserait « faire » en son logis.

Resurgit alors le souvenir des toilettes du collège, lieu puissamment olfactif et visuellement cauchemardesque où la fumée des premières Marlboro faisait office de parfum d‘ambiance. L’adolescence vue des coulisses n'avait rien d'une sitcom. Au seuil de ce défouloir, nombreux sont ceux qui prenaient une grande inspiration. En semi-apnée, il s’agissait d‘accomplir sa mission au plus vite puis, le chrono dans les poumons, se laver brièvement les mains avant de dénicher, au bord de l’asphyxie, 65 kg de livres dans le sac à dos, un cm2 de tissu à peu près propre dans ce qui n’avait pas volé son nom de torchon. Siège des rumeurs les plus folles (les règlements de compte se gravaient dans le bois et au compas sur la porte du troisième toilette en partant de la gauche), l’endroit n’était d’ailleurs fréquenté que par les demi-pensionnaires, population contrainte et forcée à soulager des impératifs honteusement naturels. J’étais des leurs, mon cartable Chevignon en guise de poids mort, les frites molles lourdes sur l‘estomac.

Treize ans plus tard rien n’a changé. Parce que je me savais observée, un temps j'évitai les toilettes du bureau, lieu de tous les dangers où, sous les yeux perçants de Mireille, se faisaient et surtout défaisaient les réputations des plus grands. Peaufinant mon image glamour de fille en plastique, je résistai, donc, une semaine, pas plus. Car rattrapée par la perspective peu réjouissante du port d’une vessie artificielle, je finis par céder à Dame Nature pour cotoyer désormais quotidiennement Jacob Delafon. Comme tout le monde. J’ai lu récemment dans une revue spécialisée de gens très au fait des tendances que la décoration des toilettes intéressait de plus en plus les foyers français. Les 35h, l’ennui, la dépression aidant sûrement. Les sondages eurent pour une fois raison car un jour de printemps 2006 Mireille eu envie de changement et entreprit dans les petits coins ses sept travaux d'Hercule. Exit la brosse, la cuvette et le désodorisant. Le plastique jauni fut remplacé par un décor aquatique peuplé de dauphins sautillants, de molusques et de poissons chats. Dans le grand bleu, ce fut le grand blanc. Cette ambiance sous-marine parfumée à la vanille des îles ne tarda pas (hélas) à être entâchée puisque le lundi suivant ce lieu cosy devint le théâtre d'une macabre mise en scène. Aux aurores (13h30), Viviane, personnage nerveusement éprouvant et hautement dépressif, découvrit sur la cuvette « un filet de sang » et le piailla à qui voulait l’entendre, c’est à dire personne. Ma relative jeunesse, mon inconscience, cette satanée empathie firent de moi le témoin idéal en charge de venir constater in situ  l’ignoble souillure. Sur les lieux du crime, me voilà apprenti détective, prisonnier d’une mauvaise copie de Cluedo achetée au discount du coin. Je constate, je confirme, me demande ce que je fais ici, me promets d’envoyer des CV, me jure d’être partie d’ici la fin de l’année. L’arme du crime n’est pas loin et dépasse même de la poubelle à pédale dauphins en folie joliement assortie à l’ensemble. Cette fois c’est sûr, quelqu’un (de fines déductions permettront plus tard à Viviane de découvrir qu’il ne peut s’agir que d’une personne de sexe féminin) est « indisposé ».  Mireille, permanentée et désabusée, eu le mot de la fin, concluant ce chapitre sanglant par un non moins saignant « tous des porcs de toute façon ».

Note pour plus tard : fuir, le plus vite possible.

9 juillet 2006

Vous reprendrez bien un peu de sourire?

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La bonne volonté n’y change rien, l’alcool qui pétille non plus, l’étouffement par overdose de petits fours « à la ganache de concombres et d’abricots relevée d'une touche d'ail et fines herbes » encore moins. Le destin, fessu, a pris ses aises. Nous voilà face à face, sourires douloureusement bloqués aux lèvres, points faibles dans le sac à main et rien à se dire, rien en commun, rien, rien, rien, nada je vous dis. Il paraît que le temps court. Dommage, ici, maintenant, tout de suite, il est grabataire. Fuir par n’importe quels moyens, l’idée bien sûr me traverse l’esprit. M’échapper par la petite lucarne des toilettes pour dames, enchaîner incognito une série de roulades entre les convives jusqu’à la porte de sortie, prétexter un problème familial grave et si possible peu glamour : « c’est que depuis deux jours mon yorkshire souffre de diarrhées aiguës, alors vous comprenez, moi, tout ces tralala… ». Et puis non, la fierté de l’apprenti mondain et forcé reprend le dessus : j’y suis, j’y reste. Il s’agit alors d’improviser. Autour de moi, les comédiens sont déjà à l’œuvre, rivalisant de mauvais esprit. Apparemment, la gentillesse se porte mal ce printemps-été 06, elle boudine beaucoup trop les egos.

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Là-bas, une vamp sur le retour dorée à point avance des arguments de taille ficelés à la va vite dans ce qui semble être corsage. Plus loin, un homme de culture confie à une blonde Dolce & Gabbanisée combien ce genre de réunion le lasse, lui l’artiste dans l’âme, sa serviette en papier sur le point de céder sous le poids d’une petite montagne de macarons, joli début d’un kit de survie pour assiégé de luxe. Ce soir-là et comme toujours, bon nombre de lunettes de soleil se portent en serre-tête. Même en pleine hiver, c’est la règle. Cette étrange pratique m’a toujours intrigué, suscitant, pour peu que l’on s’y intéresse, une foule d'angoissantes questions : sont-elles fixer à la Super Glu ? Les posent-ils avant de dormir ?… J’en ai  le vertige.

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Les sourires s’échangent, les regards se cherchent, les postures se prennent. « Et ton tailleur, chérie, c’est du Chacha* (*Chanel) ? » lance une convive avertie à une malheureuse victime* (*il sera plus tard avéré que ce n’était effectivement pas du Chacha). Plus c’est toc plus c’est chic et ça qui est choc. Mieux vaut ne pas avoir quelques kilos en trop, le dress code c’est légèreté, les soucis au vestiaire et la sincérité (la quoi ?) à la poubelle, manquerait plus que ça bordel. « Moi quand je me sens mal à l’aise, j’en fait des caisses » m’a dit un jour une connaissance rompue aux techniques de remplissage en zone de vide. Ce soir-là, dans sa robe en soie elle manœuvre effectivement (et péniblement) son 33 tonnes, aligne les bons mots tel Julien Lepers au meilleur de sa forme. Alternant les intonations, elle ridiculise l’un, flatte l’autre, papillonne dans tous les sens, sûre de son humour, beaucoup moins de ses amours. Amusante deux secondes, gonflante après. Pour le moment autour d’elle la cour s’esclaffe, rang serré de visages déformés par l’hilarité. J’aurai du prendre l’option « art de la joie » au baccalauréat, ça m’apprendra. La thérapie par le rire forcé semble fonctionner. A tour de rôle, on pioche docilement dans le catalogue des sujets imposés, page 404-405 « COMMENT TISSER UN SEMBLANT DE LIEN SOCIAL EN MILIEU PLUS OU MOINS HOSTILE ».

Parmi les figures imposées, il convient de distinguer les grands classiques. Indémodables, infroissables. Voici quelques-uns de ces « must have » à décongeler en cas d’urgence :

Page 404 - réf.404.5689 :

LA METEO

Peu impliquant, franchement chiant, la pluie et le beau temps permet de lancer de nombreux débats captivants :

- la climatisation : ses bienfaits, ses limites, ses dangers

- pour ou contre les ventilateurs sur pieds

- lacanicule peut-elle encore frapper et si oui la France est-elle prête?

Chacun y va alors de sa petite température « relevée hier après-midi sous abris » et de son expérience plus ou moins traumatisante. Nous voilà octogénaires, installés sur un banc, à la fraîche, devisant très sérieusement de météo tout en comptant les voitures défiler. « Mon bureau est plein sud et dès 15h30 c’est intenable, même avec les ventilos » m’apprend gravement une petite blonde. Je compatis, écarquille un peu les yeux en signe de compassion et me fend pour la route d’un « ah oui en effet ». « Du coup j’arrive à 8h et je fais journée continue pour pouvoir partir plus tôt » enchaîne t-elle l'air entendu. Je suis rassurée. L’esprit critique en mode off, je recueille d’autres confidences douloureuses. Et cette maudite pluie qui « abîme le cuir de manière quasi irréversible » ! (phrase authentoc). Je me révolte, j’acquiesce, je suis toujours d’accord. Sans parapluie sous une pluie de poncifs, l’humeur est morose mais le sourire de rigueur. Histoire de gagner du temps.

Page 404 - réf.902.98625 :

LES RAGOTS

Pour être efficace ce sujet doit être lancé avec moult précautions, l’air de ne pas y toucher. Un innocent « et machin/machine vous avez des nouvelles ? » peut suffire à ouvrir le bal des cobras. Dans la cour de maternelle, en tout cas la mienne, la rancœur s’extériorisait à coups de poignées de sable lancées rageusement dans les yeux de son adversaire. Rien ne change vraiment, finalement. La méchanceté est des nôtres. Petites réflexions, attaques larvées et autres compliments au cyanure ne sont pas à prendre au premier degré car ils sont souvent dits « sans méchanceté, sans y penser ». « Elle est mignonne, certes, mais j'ai toujours pensé qu’elle avait une tête de teckel » me dit tout haut et tout de go untelle à propos de bidule, une bonne copine à elle. Entre amis, tout est permis.

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Page 405 - réf. 125.8745 :

LE DERNIER CD/LIVRE/FILM/ŒUVRE MAJEURE A ECOUTER/LIRE AB-SO-LU-MENT :

« Non vraiment, ça ne me dit rien ». Malgré cette aveu d’ignorance, drapeau blanc sortie de guerre culturelle lasse, elle insiste et me décrit tout de A à Z en passant par des lettres qui n'existent pas : la musique, les paroles, le style, l’intrigue, les rebondissements. Elle ménage ses effets, entretient le suspense, mon calme* (*de façade) ne tient d’ailleurs plus qu’à un fil. « T’as regardé Arte hier soir ? », voilà comment je me suis bêtement tombée dans le piège. Oui ou non, à vrai dire peu importe car, à cet instant précis, le besogneux récit a déjà commencé. Rien ne me sera épargné. Pour lui signifier que je suis toujours en vie, je feins l’intérêt mais sans plus, il faudrait pas non plus que se sente trop en confiance, le jeu d'acteur réclame de la subtilité. De toute façon elle s’en fout et enchaîne, me perd dans les détails plissés d’un costume, m’étouffe sous un tas de blabla, m’oppresse par ses analyses personnelles et me balade dans les méandres de son cerveau malade. Elle aime « échanger avec autrui », c’est ce qu’elle dit. C’est vrai quoi, on n’est pas des bœufs, après tout. Au terme de cet échange unilatéral je parviens à aligner quelques mots mal fagotés : « dis donc ça donne envie ».

Euh... C'est par où la sortie?

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" Bah t'es là toi? "

a

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1 juillet 2006

Vous avez 1 nouveau message

lastnightfashionsavesmylife2

Avant de revenir ici (si, si promis), je m’amuse là-bas.

Parce que la mode c’est surtout pas du sérieux.

Parce qu’un problème d’ourlet mal géré à l’instant T peut dévaster une personnalité.

Parce qu'il suffit parfois d'une cravate bien coordonnée pour tout changer.

Parce qu’il faut rigoler (des fois).

J'ai un deuxième blog pour résumer : www.questiondemode.canalblog.com

A

25 mars 2006

Non rien, enfin si quand même

cpasuncadeau

Bientôt la saison 2*

(*parce qu'il y a des saisons dans ce boui-boui ?)

Avec : des singes qui parlent et des femmes qui rient, des gens qui pensent à gauche et s’épanchent à droite, des professionnels très professionnels, des franges asymétriques et des pensées bancales, des chauffeurs de taxis philosophes, des coqs sur leurs ergots, des ego plus gros que gros, des sentiments en promotion, de la sincérité à prix cassés, de la « sexy attitude » à revendre (phrase entendue puis déposée), des gars lourds et des phrases extra plates. De tout et de rien. Surtout.

29 janvier 2006

Le vestimentaire ment

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Une casquette de jockey à visière molle en toile cirée molletonnée couleur rose fuchsia égayée d’un Donald Duck frémissant du bec imprimé sur la partie avant. Voilà comment tout à commencé. C’est ce que je dirai, allongée sur un divan en velours ras couleur rouge sang (j’y tiens), une vue imprenable sur mes chaussures neuves, à ­- 50 ou ­- 30% je ne sais plus très bien, une affaire quoi. Il me faudrait me remémorer ce matin d’hiver douloureux, jour à marquer d’une casquette rose fuchsia, pendant monstrueux d’une course effrénée à l’accessoire, traumatisme vestimentaire orchestrée par ma propre mère, croyant "bien faire", commanditaire involontaire d’un acte de cruauté mentale à l’encontre d’une enfant de 5 ans. Elle récidivera quatre ans plus tard, en offrant à ma sœur, 4 ans, et moi depuis longtemps à l'âge de déraison, deux chapkas bordées de fourrure. Noire pour moi, blanche pour elle. Persuadées du fait que "l'hiver toutes les filles à la mode portent des chapkas"* (*bon sang, un peu de compassion, en 91 nous étions (encore) naïves et les ipod n’étaient pas (encore) assortis aux grenouillères), on nous voit sourire sur les photos, joyeusement inconscientes, deux apprenties fausses moscovites sacrifiées sur l'autel de la tendance. C’est moche. Trahies par les siens, parias de la mode, inscrites d’office sur la black list de la fashion police.

Parce que ceci entraîne cela, la simple évocation de cette casquette de jockey à visière molle en toile cirée molletonnée couleur rose fuchsia égayée d’un Donald Duck frémissant du bec imprimé sur la partie avant fera surgir de ma mémoire (habilement sélective) des souvenirs éprouvants, en vrac : mes pas dans la cour de récré munie de cette horreur sous les yeux des chefs du gang le plus puissant des  maternelles grande section, éclateurs chevronnés et sans pitié de coquilles d’escargots, arracheurs professionnels d’ailes d’abeilles, de coccinelles et, les jours fastes, de papillons. Des durs quoi, défiant l’autorité parentale, n’hésitant pas à couvrir leurs avant-bras de tattoos Dragon Ball Z dénichés au fond des paquets de Miel Pops. Pas le genre à se laisser imposer huit heures d'affilées une casquette de jockey à visière molle en toile cirée molletonnée couleur rose fuchsia égayée d’un Donald Duck frémissant du bec imprimé sur la partie avant. Vraiment pas. Pourquoi ne pas m’être débattue ? Pourquoi ne pas avoir hurlé à la faute de goût ? Oui, pourquoi avoir gardé cette monstruosité sur la tête sous l’œil goguenard de "la petite* Noisette", mon ennemie jurée en cette année 87 (*"Noisette" c'est son nom de famille et "petite" c’est à cause de sa taille, les gamins sont méchants c'est bien connu), jubilant à l’idée de me voir répudiée du club Barbie* ? (*j’étais inscrite, comme tout le monde, j’ai même reçu une lettre de menace déguisée lorsque j’ai décidé de quitter Silicon Valley). Parce que j’étais une enfant sage malgré quelques fréquentations pyromanes s’adonnant, par temps de pluie, à l’art du départ de feu, à l’abri des doubles foyers de Monique V., institutrice hystérique au postillon ravageur.

Les séances s’enchaîneraient, les escarpins, BO, vestes, manteaux, colliers également. La psychothérapie commencerait à porter ses fruits. J’établirai mentalement une chronologie, me souviendrai des dates et vêtements marquants, les affreux, classés "sorties de route". De la penderie entrouverte s’échapperaient alors des oripeaux oubliés, cadavres en acrylique étouffés à la va-vite dans des sacs plastiques.

1993, j’assiste à un cour de maths dans un cardigan à pressions vert sapin imprimé petits sapins, ça tombe bien. Ma voisine de table, Alexandra J., s'en souvient. 1994, la vague des caleçons stretch déformés aux genoux en fin de journée, "tip top" si portés avec des jambières, des Dr Martens et des pulls informes, fait une victime, moi et quelques millions d’autres brebis égarées dans les bas fond de l’élasthanne. Elle Mc Pherson est "the body", nous* (*j’insiste, je n’étais pas la seule dans cette galère) les boudins* (*je tiens à préciser que le stretch ne pardonne rien, absolument rien, même pas un petit genou presque pas tordu de rien du tout). La même année, on me voit débouler un matin de décembre affublée d’un collant à motifs nounours dont la matière reste encore à ce jour non identifiée. Je touche le fond de la piscine et dieu soit loué pas en pull marine. 1995, je m’amourache d’un duffle coat bleu pétrole en laine bouillie. Ma sœur, 7 ans, tente de me faire entendre raison. En vain. Déchaînée et sans repères, je le combine à des collants rouges. La situation devient explosive, ma mère laisse faire. 1996, je flash sur des chaussures à damier bicolore. Une Jessica me demande si je compte postuler au cirque Bouglione. Je pleure en rentrant chez moi, incomprise et les range à jamais dans leur carton. Jessica, je te hais. 1997, j’ai le coup de foudre pour un pull col V beige en mailles de coton  mal dégrossies couvrant les fesses juste comme il faut. En cours d'éducation physique et sportive, les filles se nouent des pulls autour de la taille pensant cacher cette monstruosité que l’on appelle fessiers. C’est la période "moins j’en montre, mieux je me porte". Tout est relatif. 1998, après une période passe-muraille (couleurs de prédilection : noir et gris foncé), je succombe au trip néo-baba retour de Goa suite à ma forte inclinaison pour un "vieux", un terminale, donnant dans les dreadlocks. Blouses en voile de coton brodé, jeans pat d’éph’, veste en velours côtelé d’étudiants chevelus et contestataires, mon rêve est d’acquérir aux fripes une veste crasseuse en cuir baignant dans son jus depuis les seventie’s. Ma mère, encore elle, fera échouer ce beau projet. 2000, la jupe se porte sur des collants résilles combinée à des baskets, Adidas Country réédition 70. "On aura tout vu", Catherine P., amie de ma mère. 2002, dernier dérapage vestimentaire en date. Sur un coup de tête je deviens propriétaire d’une espèce de robe/blouse rose assortie aux pointes de mes cheveux, période "on a des coupes de tifs merdiques et asymétriques". Vénus Beauté Institut est rediffusée sur TF1. "Vous faites aussi le maillot ?" s’enquiert un lundi matin une personne mal intentionnée. La robe rose rejoint les chaussures bicolores à l’étage des mal aimés trop vite jugés.

Je savoure ma madeleine de Proust, miettes de mauvais goût éparpillées ça et là. A ce stade, j’en serai à ma énième séance, plus très loin de la prise de conscience, en mesure d’expliquer pourquoi la vue chez un homme de chaussettes cartoon/T-shirt Superman ou Homer Simpson/"top" resserré aux manches/chemise en voile de coton vert pomme à boutons nacrés me plonge dans des abîmes de réflexion. Les apparences ne comptent pas, l’habit ne fait pas le moine et la chemisette ne fait pas l’homme. Je sais tout cela, je suis d’accord et pourtant. Mais désormais j’ai une excuse, alibi psychologique et traumatique. Trop vu d’horreurs pendant la guerre. Ma guerre, contre moi-même.

"j'ai toujours aimé les chaussettes rouges et jaunes à petits pois"

22 janvier 2006

Guy Mauve

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- Ne va pas croire que ce post parle (un peu) de moi, tu aurais (sûrement) raison -

ROMANTIQUE (romantisme, "Oh, it’s so romantic !" (voix suraiguë) et dérivés). Il est le mot par qui la vie format carte postale arrive. Au rayon "mots monstrueux" c’est une terreur, celle des filles (trop) sarcastiques, drapées depuis longtemps dans l'autodérision. "Mais tous ces sarcasmes (mâtinés d’une pointe de cynisme) ne sont qu’une façade je vous le jure !" auraient pu répliquer JR, salaud de capitaliste ou Nelly Olson, peste jusqu’à la moelle, petits êtres sensibles "en vérité" sous leurs masques de fond de teint.

Je pense à C., celle qui, un samedi soir tranquille de janvier, reçu sur son portable une atrocité parfumée signée d’un Guy Mauve inspiré : "Bisous à toi ma douce belle, je brûle de te voir*" (*cette phrase magique mérite l'italique, au moins). Un de ces confiseurs de l'amour-toujours que les filles (trop) cyniques envoient sans sommation (mais avec tact) sur le bûcher des feux de l’humour. Il voulait "bien faire". Certes. C’est un gentil garçon. Certes. Rien à faire, deux obscènités sont à jamais brodées au point de croix dans sa mémoire : « douce » et « belle », collés au UHU et dégoulinants pourtant de toutes parts. Manquait plus que le coup de grâce, les trois mots, les fameux, enveloppés dans du papier de soie. Faire avec. Après. Laisser les gondoles à Venise, les couler si possible. Refuser caramels, bonbons et chocolats, prétexter l’allergie. Jeter les Chamallow, envoyer une première lettre de menace à Haribo.

Mais il y a pire, LES deux autres mots, "nous" et "couple", imprononçables pour tout phobique de l’amour IKEA qui se respecte, parfois regroupés parce que "le contexte s’y prête". Sûrement la jeunesse m'ont prévenu certains. Toujours cette maudite impression d'être l'actrice bof d'un sitcom bof-bof sur fond de "Mon cœur te dit je t’*bip*" beuglé par un Frédéric François convaincu (pour la bonne cause, la sienne) mais pas convaincant. À noter : "Toutes les femmes sont belles" de Franck Michaël fonctionne aussi (pour les plus partageuses), le secret est dans le brushing et le costume trois pièces, old school, coupe italienne. Plus glamourisantÓ, "I’ve got you under my machin" de Franck Sinatra ravira les belles-et-douces-mais-en-fait-farouches en mal de miel récolté exclusivement sur les fleurs sauvages d'un parc protégé.

Logiquement, je me pose des questions. Pourquoi soudain le 33 tours grésille, déraille? Paroles et musique ne sont plus en phase, seul subsiste le grotesque et les grosses ficelles en coton de mauvaise qualité. J’imagine que le choix s’effectue à notre insu. Un big boss formé aux jeux de dupes distribue les cartes. Deux possibilités.

Tourner à droite si vous pensez pouvoir un jour :

- vous forcer à apprécier la lecture biblique de "La femme seule et le prince charmant" de JC Kaufmann,

- vous persuader que les témoignages dans Cosmo appartiennent à la "la vérité vraie",

- vous dire que Bridget est une chic fille œuvrant pour la libération de la godiche,

- vous obliger à estimer que "Tout le bonheur du monde" des Sinsemilia est un bien pour l’humanité et l’industrie du disque.

… Les autres, attendez sur le bas-côté.

Je caricature ? Bien sûr. J’abuse des stéréotypes ? C’est un principe.

Mais n’allez pas croire que les filles (trop) cyniques n’aiment pas le sucre. Le romantisme, elles le pratiquent, pire, elles le cultivent, dans le plus grand secret. Vous savez bien, l’histoire des masques, des faux semblants, des barrières haute sécurité. Il arrive même qu'une fille (trop) sarcastique, me suis-je laissée chuchoter, se laisse tenter par un "Orgueil et Préjugés" dès sa sortie au ciné. Abandonnant pour quelques heures son manteau en papier de verre (intérieur vison) sur le fauteuil d'à côté, elle se laisse aller, captivée, à peine étouffée par les envolées lyriques froufroutantes de rigueur. Du romanti*bip* comme elle l’aime, torturé mais pas trop, cerné mais pas trop, rugueux comme il faut, émaillé de "pars !", "reviens !", "non, fous le camp !", le tout dit avec les yeux, of course, par un dandy distant version JP Bacri période Angleterre collet monté. Posé sur pellicule, un baiser sur fond de coucher de soleil ne lui pose pas de problème. QUOI ! Même si LA scène se déroule aux aurores, en pleine campagne et que l’héroïne arbore une robe vaporeuse, immaculée au décolleté Empire?* (*à lire comme d'habitude d'une seule traite) Non, vraiment, aucun problème. A ce moment-là, vous pourriez lui/me demander si elle/j'aime le canevas car portée par l’ambiance, elle/je vous répondrai(t)(s) que oui, effectivemment, elle/j'adore ça. A la porte déjà, Ségara trépigne en robe de satin effets moirés, Fabian réajuste son tailleur et ses bons sentiments. En vain. Car une fois les lumières allumées, les filles (trop) sarcastiques se rattrapent souvent par un : "c’était un peu gnangnan, non ?". NON* (*mais n’allez surtout pas le répéter).

"Douce et belle... Ça me rappelle une pub pour une crème dépilatoire..."

22 novembre 2005

Day dream

chatnoirchatblanc

Depuis toujours je rêve d’une chose, d’une seule* (*deux en réalité si l’on compte mon envie d’acheter un caniche royal et de le teindre en rose -  taux de réussite = 2% étant entourée de personnes raisonnables : « mais bon sang tu sais ce que c’est d’entretenir un caniche géant ? » Oui, lui acheter un collier en faux diamants). Pour en revenir à nos moutons* (*notons que le port de faux diams sur toison immaculée peut être du meilleur effet en zone mondêêêne) je rêve du jour où ventilateurs poussés au maximum, cheveux dans le vent donc, la main sur le cœur et les yeux dans le vague* (*c’est tout ce que j’ai trouvé pour avoir l’air « inspirée ») je prononcerai ces quelques mots : «ça y est, j’ai arrêté ». Mots à replacer dans le bon ordre et à copier/coller dans la phrase définitive énoncée ci-dessus : la TV, regarder, de, définitivement, presque. Et pour être sûre d’être comprise, d’avoir réussi à faire passer le message© je répéterai en criant genre je me sens libre donc je hurle* (*le « et inversement » ne fonctionne pas dans ce cas précis) : « oui, j’ai définitivement arrêté de regarder la TV ». Du bouts des lèvres, je lâcherai ce dernier mot devenu vulgaire* (* prononcer « voulgaire » afin de détendre un peu l’atmosphère) tout en brisant ma télécommande* (*que j’aurai préalablement glissée dans mon sac pour les besoins de la scène) d’un ultime coup de talon libérateur. Avec pertes et fracas ambiance fin de soirée ouzo à gogo dans un resto grecque.

C’est dans cet état émotionnel perturbé que j’ajouterai* (*l’emploi du futur de l’indicatif risque à la longue de devenir pénible, merci de nous excuser pour les désagréments occasionnés) alors un peu plus bas un petit « presque » de rien du tout. Presque car mon propos serait à nuancer, j’aurai arrêté mais-pas-tout-à-fait-en-fait. Parce qu’étant « une fille de mon époque », j’aurai su « prendre de la distance » et fait le tri après une fine analyse de la situation : émissions « biens » / émissions « pas biens ». Ceci explique cela* (*vous aussi chez vous customisez vos phrases avec des expressions à monter soi-même) j’ai grandi avec le mythe Thalassa* (*il faut bien insister sur le « ssa » ). L’émission des dissidents, de ceux qui ont dit non. Une musique qui fait peur, un bateau intérieur acajou, cinq personnes, un présentateur bien garni (capillairement parlant), des « private joke » appliquées au monde marin mais-tu-ne-peux-pas-comprendre et surtout des reportages, avec un grand « R », à rouler la gueule enfarinée. Mon père hypnotisé. Ma mère assoupie. C’est le « Thalassa Power ». Evoquer avec poésie la reproduction des mérous un lundi matin peut sauver la vie ou tout du moins redonner ses couleurs d’origines à une image dite « sociale » salie par des jeux de mots dangereux et autres blagues de trop.

A 12 ans j’ai compris : regarder Thalassa c’est avoir une aura. Pouvoir dessiner les yeux fermés la coiffure d’avant-garde de Flavie Flament c’est ne pas en avoir et ne rien faire pour s'en procurer une, même d'occasion. Bien qu’ayant pleinement conscience* (*le « pleinement » est ici boudiné dans son costume d’excuse de location) de cette réalité, cela ne m’empêche pas de :

- savoir qui est Diana & Brandon.

- connaître l’identité de l’auteur de cette phrase définitivement définitive : « tu l’emmerdes avec un grand « A » »* (*l’emploi de la capitale est-il bien raisonnable ?)

- pouvoir dire qui est le petit et qui est le grand si l’on me montre une photo de B & F* (*la pudeur, bordel la pudeur !)

- avoir regardé une partie* (*levez la main droite…) de MIF* (*un peu d’imagination que diable !) tourné dans le décor à caractère convulsif d’une villa cannoise.

Après tout ça, c’est sûr, l’aura je l’ai pas. Même pas un petit halo artificiel. J’en ai trop vu.

Embarquée sur le rafiot* (*le « de force » est à ce stade superflu parce que peu crédible) de la médiocrité télévisuelle, le club des yachtmen élégants (mouais), cultivés (mouais) et fans de Thalassa n’est plus qu’un minuscule point à l’horizon. Symboliquement assise dans un fauteuil en moumoute acrylique vert fluo, je vais alors voir le pire et entendre…Quoi ? Le pire aussi. La croisière fut éprouvante, barbouillée de fond de teint, des sourires carnassiers effets pleins phares, des couleurs épileptiques.

J’ai vu la coupe approximative des tailleurs de Super Nany, j’ai vu des mamans moches, connes et méchantes* (*meuh nan « toutes les mamans sont belles » dixit Michel D. au taquet) que l’on échangent comme ça pour voir, j’ai vu la couette, super haute, de Super Nany, j’ai vu des rideaux s’ouvrir parce qu’on ne sait jamais, j’ai vu les dents de Super Nany, j’ai vu des relooking de la dernière chance parce que « ça pourra pas être pire », j’ai appris que lorsque l’on veut faire passer un message à son enfant il faut se mettre physiquement à son niveau et le regarder droit dans les yeux, j’ai entendu dire que « le panty c’est sexy ». Ah bon. « On » ne s’en vante pas bien sûr. Si « on » souhaite en parler, sous un angle purement sociologique, mieux vaut s’armer d’un « j’ai entendu dire que ». Les fameux « quelqu’un m’a dit » ou « j’ai une/un ami(e) qui » peuvent fonctionner si consommés avec modération.

Ecoeurée, j’étais pourtant, depuis plusieurs mois, sur la pente de la rédemption. Je n’étais (presque) plus très loin (20-25 ans) du jour où déterminée j’aurai déprogrammé ma télé pour ne garder qu’une seule et unique chaîne : Arte. Je me voyais épanouie, à l’abris des rires en boîtes et des clap clap, me contentant de déguster Tracks le jeudi soir, le lancinant « oui mais qu’est-ce qu’il y a sur les autres chaînes ? » en moins. Et puis ce vendredi soir 18 novembre tout à de nouveau basculé. Le fameux « effet de groupe ». Me voici, nous voici (il faut assumer), devant DOMINO DAY. Les lettres capitales m’aident justement à assumer. Quelqu’un aurait (le conditionnel, bordel, le conditionnel!) du avoir la force de dire off car même si « ingurgitée » au trentième degré nos neurones risquaient fort d'être carbonisés au sortir de cette expérience. Le mal est fait. Flavie Flament est là. Petite mine. Tailleur beige, visage beige, coiffure beige, personnalité idem. Elle semble appréhender les deux heures de torture qui l’attendent et ne prend même plus les intonations de fausse gaieté de rigueur. Des dominos, des dominos encore des dominos et de mon côté c’est le trou noir. Je me dis que TF1 a du utiliser le chantage : c’est ça ou plus de prime time en robe lamée Versace ma cocotte, à écouter, l’œil mouillé et les lèvres tremblotantes, Patrick F. faire beugler amour avec toujours. On la comprend, le boulot c’est le boulot et c’est pas facile tous les jours ma p’tite dame* (*vous aussi, chez vous, replacez dans vos conversations des poncifs élimés aux manches).

Dave et Denis Brognard, le grand roux* (*cette remarque est purement ornementale car en présence de dominos il faut meubler) la soutiennent. « Pourquoi Dave » dira quelqu’un ? Parce que Vanina, parce que « l’ami Molette »*  (*il faut avoir vu la pub pour les fromages hollandais pour comprendre), parce que coupe au bol, parce que Eurovision. Il y a pourtant eu des signes avant-coureurs : cet homme est au bord de la « nervous breakdown » et nous assistons là aux instants les plus sombres de sa descente aux enfers. D’ailleurs il glousse, re-glousse, re-re-glousse, se gausse tentant la « second degré touch » et dit des trucs comme « oh ! C’est un joli pantin désarticulé » parce qu’autour des dominos il y a aussi gros budget déco. Est-ce là une métaphore ? un appel au secours peut-être ? cet homme voit la vie en noir et banc. Endemol est ravi. Un pétage de plombs en direct.

Denis tente, lui, de s’enthousiasmer en s'administrant de grandes baffes revigorantes mais ça on ne le voit pas, je le devine: « c’est gracieux » dit-il en scrutant une danseuse hollandaise, Dave le précisera plus tard, déguisée en Esmeralda from le parvis de Notre-Dame et virevoltant avec la légèreté d’un parpaing entre les dominos. C’est du n’importe quoi, quelque dira « c’est de l’impro ou quoi ? ». Clou de la choré, la belle s’allonge par terre, Denis aurait pu dire « c’est super sensuel » mais bizarrement il s’est abstenu. C’est le moment du lâché de dominos sur le corps offert de la demoiselle. « C’est beau » aurait pu dire Dave pas franchement concerné mais il s’est tu, non pas tué, sûrement trop ému. Le public est ravi, une fille au T-shirt rose s’agite franchement exaltée. Visuellement les faits sont là : elle (la fille du public sur laquelle reviendra plusieurs fois le cameraman) ne semble hélas pas avoir suivi les conseils de Playtex. Un bon maintien c’est essentiel. Sordide vous avez dit ? La recette Endemol est imparable : seins - dominos  - seins. Je pense que l’on va se quitter là-dessus. Merci. Bonsoir.

Message personnel : (pas) merci à A. et F. de m’avoir fait replonger. Si, si, merci. Pour tout.

Merci aussi à celle qui m’a avoué un jour à propos de ses penchants télévisuels : « qu’est-ce que j’y peux moi si je ris devant un reportage suivant durant tout un week end dans des salles des fêtes des passionnés de concours canins ? ». Sentence à lire d'une seule traite, recommencez si ce n'est pas le cas.

"Cette manie, aussi, de dire tout le temps merci"

16 octobre 2005

Monsieur Cinéma

commeau1

- Avant de lire ce qui suit il est recommandé d’avoir déjà visionné (en y prenant un plaisir coupable et ce à n’importe quel âge) Sissi face à son destin et/ou Angélique Marquise des Anges et/ou Le Hussard sur le toit et/ou Légendes d’Automne (filmographie de qualité inégale). Si ce n’est pas le cas merci d’y remédier. Il est temps de relever le niveau.

- Ce post est haché menu mais difficile à digérer.

Vendredi 13h-14h

Je discute avec une amie, C., femme intègre et passionnée (par son métier) n’ayant jamais eu/ou projeté d’avoir recours au moindre ultraviolet artificiel. Le vendredi midi c’est débriefing. Alors on parle de tout (physique quantique, fission nucléaire…) et de rien quoi. Alors vous pensez bien que le numéro de bimbo de la grande gigue Dominique de V. sortant des flots ça nous fait ni chaud, ni chaud si ce n’est peut-être froid dans le dos. On évite d’ailleurs d’en parler, par pudeur et surtout peur d’être gagnées par la superficialité. Manquerait plus que ça, alors on se tient, tant bien que mal.

Et puis rapidement, par ma faute, c’est le dérapage : je ripe sur une paillette, me vautre dans le gloss Diamond Super Sunshine, finit ma chute dans le nouveau lait pour le corps Sephora Girls senteur fraises des bois et parviens à articuler un : « t’as regardé Fight Club mardi dernier ? ». Non, ne pensez pas que cette remarque soit anodine. Certes ils nous arrivent d’aborder des problématiques polémiques relatives au monde télévisuel : Intéressants les socio-types regroupés par Jean-Luc D. mercredi soir non ? Vertigineuse la mise en abyme orchestrée par B. & F. _ _ _ _ _* soir ? (*non je ne connais pas le jour de diffusion, vous si ?).

Mon « t’as regardé Fight Club » est, lui, plus animal, presque inquiet. C. est maligne, se bat bien, tente de nous sauver par l’esquive : « Oh, non, tu sais je l’avais déjà vu plusieurs fois, c’est vrai que l’intrigue est  intéressante ». Là, je craque et me coince définitivement le pied, voire la jambe entière, dans ce satané piège à midinette : « oui c’est vrai et puis Brad P. est a tomber* » (*par terre, liquéfiée et en morceaux). C’est la phrase de trop, C. force à son tour sur le blush parfumé texture fondante : « Oh, m’en parle pas, je voulais enregistrer, je suis dégoûtée ». « Dégoûtée »... Bientôt les « j’adore », les gloussements, les oh, la, la, la, la qui n’en finissent pas. Nous sommes perdues et errons trop parfumées sur les chemins de la féminitude* la plus clichée (*c’est beau, c’est du ELLE, merci pour Elle).

S’en suit un débat, un vrai, relatif au paradigme Brad P. Une dernière fois, pour la beauté du geste, je tente de m’aggriper à ma dignité en lambeaux : « non, non, je n’ai pas vu 7 ans au Tibet ». Silence, prise de conscience, le sol se dérobe à nouveau : « Naaan, c’est pas vrai, bien sûr que je l’ai vu ». Et au ciné en plus ai-je oublié de murmurer. J’étais jeune, 15 ans, il y a prescription maintenant. C. elle aussi se souvient : un poster « acheté exprès », pourquoi on ne le saura pas, de Brad grandeur nature dans son rôle dans Légendes d’Automne (d’à peu près Jim Harrison). Film mythique, enregistré sur bande magnétique. Visionné, re-visionné, arrêts sur image. Le vent des grandes plaines va bien à Brad. Brad s’énerve, Brad casse des trucs, Brad aime à la folie ou pas du tout, Brad s’en va, revient, Brad porte des tricots de peau et des bretelles, Brad prend son bain en pleine nature, Brad est born to be wild. En sous-sol, castagneur, pornographe, misogyne, crade et sanguinolent, Brad garde le cap et reste über classe. Gardera, gardera pas le marcel, le suspense, mesdames, le suspense. Quoi la physique quantique (non, pas cantique) ? Quoi la fission nucléaire ? On vous parle du corps de Brad* là (*prénom ridicule au demeurant), ça vous arrive d’être sérieux deux secondes ?

J’en ai trop dit. C. aussi. Plus d’alibis. Tout s’enchaîne vite, place à la rétrospective. Oui, il m’est arrivé de regarder un film parce que… Parce que Benicio. Oui, j’ai remarqué la « présence » de Robert D. Jr, oui, oui et oui Jude L. a (plus ou moins) influencé mon envie de voir Closer. La conversation est fluide, les masques rangés à la va vite dans les sacs à main. On a les même souvenirs, idem pour les « chocs visuels ». Déboule alors sur le tapis la légende, le monument, le souvenir de :  Olivier M. in Le Hussard sur le toit. On touche au sublime, C. me le confirme. Passion amoureuse et choléra ravageur. Olivier M. alias Angelo est le hussard, Juliette B. LA femme. Il la rencontre en courant sur les toits, enfin pas vraiment mais ceci entraîne cela quoi. Angelo ne parle pas beaucoup, frise l’autisme mais a un regard et un brushing. C’est un fou, prêt à tout, même au pire je-me-retourne-et-je-te-jette-un-regard-qui-en-dit-long. Il est italien, Angelo, il a le sang chaud. La spectatrice a deux choix. Détester Juliette B. ou la détester. On a préféré imaginer l’espace d’un instant que « nous c’est elle » et que « elle » c’est donc personne.

A ce stade de confessions inutiles, il me faut légitimer « le truc », sortir la tête haute de cette vase immonde de romantisme gnangnan parfumée à la violette. J’ai une excuse. J’ai été intoxiquée au toc le plus exalté dès mon plus jeune âge. Voilà le tableau :

Ma grand-mère, 75 ans, femme respectable génialement hystérique, visionneuse compulsive et épanouie de la série des Sissi. Moi, 8 ans, je deviens vite « Sissi addict », émerveillée par cette femme « aux yeux qui brillent » capable de supporter durant 4 épisodes x 1h30 une coiffure alambiquée et lustrée avoisinant les 10 kg (Sissi pas ma grand mère). Elle me le précisera plus tard (ma grand-mère pas Sissi) : il faut souffrir pour être potable. Très vite ma sœur, 4 ans à l’époque, succombe elle aussi à la sirène tyrolienne, Sissi un peu cloche from Tyrol. C’est la spirale, on teste nos limites, poussant même le vice jusqu’à apprendre certains dialogues par cœur.

Avez-vous déjà vu une gamine de 4 ans déclamer, l’air inspiré, du « Sissi face à son destin » dans son petit pyjama jaune poussin et ses pantoufles lapins ? Non ? Moi si. Lors de ces séances du mercredi après-midi, dans le salon familial plongé dans l’obscurité (les dents immaculées de Sissi font office de lumière d’appoint) règne le non-dit. Pourquoi ? Oui pourquoi ma grand-mère a t-elle fait de Sissi une religion ? Pour des raisons strictement professionnelles m’a t-on longtemps laissé croire. Sissi = « belles robes » = source d’inspiration pour elle, couturière fantasque effleurant les tissus mais brassant dans la vie. Elle me dira plus tard de but en blanc : « mais pas du tout, si je regarde tu penses bien que c’est pour Franz ». Sissi elle n'a jamais pu l'encadrer.

Franz, alias François-Joseph, mari autrichien propre sur lui de Sissi, l’Impératrice. Il sourit Franz, il dit des trucs gentils mais a des yeux aussi expressifs que ceux d’une truite à la débine. François-Joseph s’énerve parfois, hoche la tête (gominée la tête, lisse, ultra lisse la tête) pour manifester son désaccord. Il est serviable l’animal et serait prêt s’il le fallait (le scénario ne lui en donnera pas l’occasion) à se débarasser de sa veste lestée de 25 kg de médailles (il est vachement fort à la guerre) pour courir réparer à même la boue une roue de carrosse récalcitrante.

Mais la vérité est ailleurs, je dois l’avouer. A l’époque, Franz je ne le « calculais » même pas (Franz lui-même, au début de l’Histoire, ne calcule pas Hélène en robe jaune bouton d'or et chevelure de jais, jolie comme un cœur mais sœur de Sissi, éperdue d’amour pour Franz-ultra-lisse, amour fou qui la poussera à épouser, par dépit, un autre autrichien aussi insipide qu’une bouteille de limonade Monop' éventée). C’est un peu compliqué, il faut s’accrocher.

Moi je n’avais d’yeux que pour le Comte Andrassy. Le « si » il faut le prononcer « zi » l’air franchement transporté. Un insoumis (il est hongrois), 1,80 de charisme, claquant les portes à l’occasion, montant sur ses grands chevaux dès que le cœur lui en dit, ne parlant que par phrases courtes, viril à point, secrètement amoureux de Sissi qui « ne le calcule pas » ou tout du moins fait comme si. C’est tragique ce gâchis. A 8 ans je réalise que Sissi est un peu conne. La suite me donnera raison.

- Attention phrase lourde -

J’ai en stock d’autres explications légitimant le contenu léger de ce post susceptible de briser à jamais l’image de marque que je n’ai jamais eu. Elevée au 36ème degré et dans le culte lucide du navet, du nanar de qualité, les excuses j’en ai et à gogo.

Il était temps de me libérer de ce poids. J’ose le dire, j’ai (aussi) regardé la saga « Angélique ». Michelle Mercier, apprentie Bardot v/s Robert Hossein. Michelle est Angélique Marquise des anges (ne me demandez pas pourquoi nous risquerions de nous perdre dans les méandres d’un scénario inexistant), Robert est Geoffrey, Geoooofffffreeey dira plus tard Angélique, aux anges, définitivement conquise par la charme du Comte de Peyrac (particule élémentaire de son Geoooofffffreeey). Nicolas, garçon de ferme sans particule, serra lui largué par la Marquise dès le début de l’intrigue, il en perdra d’ailleurs un œil (ne me demandez pas pourquoi), ce qui n’est pas plus mal car cela le rendra par la suite plus sexy (il a la rage et un foulard à la pirate après « l’accident », quoi comment ça je suis un peu bizarre ?).

Vous ne comprenez plus rien ? A la bonheur (bonne heure), nous pouvons donc enchaîner : autant le dire tout de suite, Angélique est super canon (pour l'époque) même Louis XVIII, toutes moustaches dehors, en perd son latin et dit des trucs du genre : « vous êtes insolente, j'aime cela ». Jean Rochefort (si, si en personne avec sur la tête, pour les besoins historiques du film, une peau de Caniche en guise de perruque) est lui aussi accro à la « Angélique Touch ». Le bougre en pince grave* (*« pince grave » j’essaye de rendre l’histoire plus « actuelle » vous me suivez) pour la Marquise des Anges, six couches de fond de teint fixées au vernis, blush tendance peinture de guerre, faux cils touffus et cartonnés, chignon indestructible de couleur indescriptible, bouche ou plutôt moue boudeuse, poitrine comprimée parce qu’il faut que ça pigeonne, ma pauvre dame, que ça pigeonne grave* (*serais-je gagnée par le jeunisme le plus primaire ?).

Bref (mon mot). Angélique est comme ça, belle au naturel. Jean Rochefort est tellement troublé qu’il en deviendrait presque agressif. Elle est blessée la bestiole, en plein cœur (non, pas le caniche qu’il a sur la tête, lui il est mort avant le film). Mais la marquise s’en fout, elle n’a d’yeux que pour le Comte. Au début pourtant, entre eux, ça commence mal. Geoffrey n’est pas assez « beau gosse » à son goût* (*il faut supposer que malgré son maquillage et ses faux cils Angélique parvient à voir ou tout du moins distinguer quelques formes et couleurs). Peyrac est atypique : il boite, est balafré (il est très, très fort à la guerre), porte des chemises blanches à jabots et des cuissardes en cuir noir. Forcement Angélique a un peu peur. En pleine crise de désespoir* (*au départ c’est un mariage forcé) elle court se jeter sur le lit nuptial pour sangloter à sa guise face caméra dans son déshabillé de soie bleu ciel. Moi (9 ans) et ma sœur (5 ans) sommes captivées. Mais que font les parents ? C’est alors que Geoffrey décide de mettre le paquet. Il la joue gentleman, « ne la force pas », se contente de lui toucher les cheveux à l’occasion avec dans les yeux une lueur d’amertume, digne, super signe l’amertume tendance feu de détresse. On le voit s’éloigner jusqu’à la porte de LA chambre, boitillant (le pôôôôvre), puis se retourner pour la regarder. Inspiré le réalisateur* (*ah il y a aussi un réalisateur ?) enveloppe alors THE balafre d’une effet fou et flou à la David Hamilton, le rendu est plus glamour, manque plus que les larmes naissantes et étincelantes genre « là, tu vois, tout de suite, maintenant, je vais chialer à cause de toi ».

Moi (9 ans) et ma sœur (5 ans) sommes très peinées de voir le viril Geoffrey submergé par le chagrin, digne le chagrin, super digne (il en a bavé, il boite et il est balafré, jolie la balafre, elle ira d’ailleurs en s’atténuant au fil de la saga). Bon finalement la bougresse finira par céder, découvrant le potentiel érotique de Geoffrey lors d’une soirée arrosée (signe qui ne trompe pas : rire bruyant combiné à un balancement de tête choucroutée en arrière) en compagnie de l’archevêque et de son staff (ne me demandez pas pourquoi). Geoffrey est vachement sulfureux ce soir-là (regards dits de braise, "allusions" et tout et tout) et Angélique adore "ça".

Moi (9 ans) et ma sœur (5 ans) sommes soulagées.

Les dégâts psychologiques engendrés par ce genre de pratiques cinématographiques sont bien entendu irrémédiables.

Après ces explications, inutile de vous re-préciser que ceci explique cela.

Ce post n’avait aucune vocation si ce n’est de réhabiliter Robert H. dans son rôle à jabot.

Le Hussard sur le toit n’est pas un " film pour bonnes femmes ", c’est un passage obligé et c'est un plaisir.

Que François-Joseph alias Franz repose en paix. Sissi n’a pas fauté mais les historiens ne sont pas formels.

N’allez pas croire que je cherche à me justifier. Ah, si, ça vous pouvez.

C’est tout.

" Moi qui pensais te connaître... Tu comptes vendre le truc à Mireille D.? "

1 octobre 2005

En avant les histoires

enavantleshistoires2

Toujours pas de plan. Rien. Les coutures de ce post sont apparentes et les transitions ont les nerfs à vifs. Un fil rouge néanmoins : du n’importe quoi et ce hasta siempre.

- Premier truc -

Il y a la vraie vie, mais si vous savez bien, celle où l’on est obligé de se lever le matin et où les bus ne sont pas équipés de brûle-parfums. En guise de protestation, certains ont décidé de prendre le maquis. C’est le cas de Pierre & Valérie, terroristes du bonheur, passionarias de la fesse rebondie, lobbyistes de la cuisse ferme, terreurs des vergetures et des appareils électroménagers unilingues et monotâche. Depuis leur studio M6 Boutique, ces résistants de la première heure émettent 5j/7 contre vents et marrés, contre bourrelets disgracieux et cheveux fins voire cassants. Les aspérités ne passeront pas, voila ce nous disent* ces deux héros incompris (*ils ne le disent pas vraiment mais tout passe par le regard, quoi comment ça je suis schizophrène ?).

Leur vie parfaite dans leurs corps parfaits ne les empêchent pas d’être bourrés d’utopies en rêvant du Grand Soir* (*grand «  G ", grand «S »), lorsque la rue sera à eux et que la France entière et replète portera enfin la ceinture micro gainante afin « d’affiner sa silhouette en toute liberté ». Ils ont sûrement déjà prévus des slogans chocs dans dans la veine d’un Teint unifié pour tous ! C’est beau un pays qui rêve. Chaque minute de cette émission se déguste, chaque seconde passée auprès de Pierre & Valérie me fait prendre conscience de mon inconscience. Ce soir dans Ça se discute, elle n’utilise pas Abdo Star et nous explique le pourquoi de cette déviance.

J’arrive souvent  en retard à cause de Pierre & Valérie. C’est là mon drame. Hypnotisée, j’encaisse les séquences attendant LE moment, celui des témoignages : défilé sur l’écran de visages anonymes maquillés ou plutôt emplâtrés, brebis en voie de réinsertion récitant d’une voix métallique, les lèvres tremblantes barbouillées de gloss, des textes d’anthologie, « j’ai perdu 25 kilos en 5 heures grâce à Capto Graisse », sous la menace d’un calibre que l’on suppose hors champ. Mais qui sont ces gens ? des malheureux kidnappés près du studio car pris en flagrant délit de mauvais goût* (*il/elle ne possédait pas de Body Sculpteur) ? Vous allez me dire : c’est peu violent, je vous répondrais : c’est normal. Pierre & Valérie n’ont pas eu le choix, c’était ça où une épidémie de ventres flageolants. D’autres se sont ralliés à leur cause, des stars, une pluie d’étoiles en PVC à commander par VPC. Sandy Valentino, chanteuse* (*si, si, souvenez-vous) intervient fréquemment. Elle sourit, lèvres peintes, teint carbonisé, le bichon est resté à la maison. Elle veux nous parler Sandy* (*j’allais marquer « me parler » mais vous risqueriez d’avoir des doutes sérieux quant à ma santé dite mentale), elle nous dit face caméra que le machin super galbant power énergétic méga bon marché a changé de sa vie. Derrière ces termes techniques, la vraie question demeure : une femme s’épilant* (*se massacrant)  autant les sourcils* (*il faut l’avoir vue pour comprendre) est-elle vraiment heureuse ? Est-ce là le signe d’un essoufflement du combat engagé contre les imperfections, d’un relâchement abdominal et intellectuel ? J’en ai peur. Car depuis quelques mois je décèle en plus un malaise au sein du couple de Pierre & Valérie.

Oh bien sûr il y a toujours les sourires rassurants de Valérie, tous crocs blanchis dehors, les yeux bleus de Pierre plus rieurs et brillants* que jamais (*les siens sont munis de l’option « je brille dans la nuit »)… Mais en vérité leur relation ne tient plus qu’à un autocuiseur trilingue qui se nettoie tout seul la nuit proposé en vente flash pendant ¼ d’heure. Je sens comme une pointe tension dans les intonations, une raideur dans les interactions. Le « n’est-ce pas Pierre »* (*cela permet de faciliter les enchaînements) rituel de Valérie me semble teinté de reproches. Reste à savoir si ces accrocs conjugaux peuvent vraiment mettre en péril le combat de toute une vie…

J’envisage le pire. Lui, Pierre quoi, pris en flagrant délit en coulisses, posant consciencieusement sur le corps du mannequin maison, les électrodes testées dermatologiquement du dernier système Sport Elec 3000. Le mannequin : créature (toujours) béate de 1,80 m déambulant régulièrement sur le plateau les cuisses plâtrées d’une boue immonde puis saucissonnées dans un film plastique. Le pire c’est qu’elle a l’air d’aimer ça, la vilaine. « Mais c’était en tout bien tout honneur » qu’il dira, le salaud. Si Pierre & Valérie se séparent ce sera la fin. Avant, la décadence. Des joggings Décathlon en molleton à chaque coin de rue. Les associations mocassins/chaussettes de tennis blanches ne choqueront plus grand monde. Des cadavres de Sport Elec et de Super Redynamiseur Fessiers envahissant les décharges ou bien abandonnés, là, à même le caniveau.

Ce message s’adresse à Pierre* (*de Pierre & Valérie) : quelque soient tes agissements* (*sache que les femmes n’oublient jamais) excuse toi. Valérie n’est pas compliquée, je ne sais pas, moi, emmène la au Parc Astérix. Agis bonhomme et vite, La France à besoin de toi.

- Un autre truc -

La prod de mon sitcom a mis le paquet pour la rentrée. Sûrement dopé par le succès de Plus Belle La Vie, bouillabaisse de sentiments, ressentiments, trahisons et re-trahisons* (*que le premier qui ne s’est pas passionné pour les balbutiements du couple cinquantenaire formé par Roland* (*bistrotier) et Mirta* (*hôtelière qui en a vachement bavé avant because mari jaloux et andalou toussa toussa) me jette la première sardine). Ça commence à faire beaucoup de * entre deux ). Bref, de nouveaux personnages ont fait leur apparition dans ma modeste série dont les rôles titres étaient pour l’instant monoplisés par mes voisins et mon couple de concierges* (*voir les vieux dossiers archivés pour comprendre). De nouveaux acteurs tiennent le haut du pavé* (*oui, nous tournons maintenant en extérieur).

Leur point commun ? Une vrai psychologie, des personnalités « border line ». Mon sitcom prend une autre envergure sûrement inspiré par les partis pris subversifs de Plus Belle La vie* (*rien de « o-l-é o-l-é » si ce n’est peut être quelques débuts de débuts mais alors vraiment les tout débuts). Je ne vais cependant pas tous vous les présenter d’une seule traite* (*oui Plus Belle La Vie ma aussi appris le suspense, la fameuse séquence de fin, plan serré sur le visage du personnage, yeux écarquillés, en proie à des doutes et/ou démons intérieurs et/ou « bon sang je crois que j’ai oublié de remplir la gamelle du chien avant de partir ce matin »).

Personnage 1 : le gars avec des grosses lunettes à grosses montures caresseur de chevelures féminines*

(*avertissement :  ce qui va suivre est totalement vrai)

Notre première scène de rue. Je rentre chez moi. Je ne le vois pas tout de suite étant alors en grande conversation par portables interposés. Mon personnage ne sait faire qu’une chose en même temps, d’où le nombre conséquent de fois où elle a bien failli se faire écraser. Bref* (*tu peux arrêter de dire bref s’te plaît). Il avance vers moi l’air hagard et balbutie un truc. Cheveux longs bouclés, la cinquantaine, grosses lunettes à grosses montures. Oui je sais je vous avais prévenu cette nouvelle saison est trash. « Attends je te rappelle » voilà ce qu’elle dit cette nunuche, moi, enfin mon personnage. A ce stade de l’intrigue, je ne réalise pas encore que ce sadique de scénariste a souhaité me faire croiser le chemin d’un psychopathe. Vous allez me dire : au vu des grosses lunettes à grosses montures ça crevait les yeux bon sang ! Et vous aurez raison. C’est la fin de journée, je suis fatiguée d’où absence de lucidité, pas extra la lucidité.

Il s’immobilise, moi aussi. Face à face ridicule à deux pas de chez moi. Pas un mot pendant bien 5 secondes sous la lumière d’un réverbère - Musique d’ambiance : le Clan des Siciliens - Et puis c’est le geste de trop. Il avance et tente* (*avertissement : je sais il m’arrive (souvent) des trucs bizarres) de me toucher les cheveux. Oui, les cheveux. J’ai juste le temps de tourner la tête et de courir le plus vite possible au mépris du danger. Oui mais lequel ? Celui de flinguer irrémédiablement ma paire de talons* (*premier, second, troisième degré à toi de deviner).

Depuis trois semaines, ce personnage n’a pas refait surface. Le public n’a pas accroché, dieu merci.

Autre essai non concluant : le psychopathe sans sourcils portant une casquette « New York City » ayant pour habitude de suivre les jeunes femmes vers les 23h00 - 23h30. J’ai demandé à ce qu’il soir viré en février dernier.

Personnage 2 : lui, moi et sa paire d’escarpins rouge passion

Dans  bus. Je patiente épaulée par ma mémé de quartier préférée. Celle qui, lors d’une conversation relative au contenu exacte de ma « profession », a conclu par cette phrase mythique : « et vous êtes bien payé pour faire ça ? ». Une grande dame qui dit aussi des trucs du genre « ça va mal finir tout ça ». Tout ça quoi ? Bah tout en général, enfin je crois.

Ce mardi à 9h, un nouveau personnage fait une entrée bruyante et fracassante. Pull (d’homme), pantalon* (d’homme) (*quoique très serré je vous l’accorde), tête (d’homme), barbe de trois jours (d’homme) mais sac (de femme) et superbe escarpins rouges (de femme). Je sais, oui, il m’arrive toujours des trucs bizarre, pour toute réclamation merci de vous adressez à la production. Tout le bus le regarde. Il s’en moque, lui mais alors comme de sa première paire de baskets. Un ado a même l’air sous le choc et je le vois s’éloigner de manière quasi imperceptible via un très subtil jeté-coulissé de jambes. Moi, je suis assise à ses côté et j’ai envie de le féliciter. Pourquoi ? Mais pour son choix judicieux, voyons. il y a encore des hommes de goût, le pays est sauvé.

Personnage 3 : le dragueur est dans l’escalier

Les scénaristes ne nous épargne aucuns clichés. Ça commence pas comme un fait divers mais dans un ascenseur* (*pas le mien, un autre). Petit l’ascenseur, pas aux normes. Vous vous dites : là, c’est prévisible et encore une fois vous avez raison. La panne, dans le noir bien sûr, en compagnie de*… (*attention moins prévisible, quoi que…) de la mémé* (*du quatrième avec son chien). 10 minutes d’angoisse. Je suffoque, la dignité, je n’en ais plus une goutte. On appelle sur mon portable le 0 800 machin. Un technicien doit arrivé d’ici 30 à 60 minutes. Je pense alors à des trucs qui comme d’habitude sont en total décalage avec la situation* (*dramatique, dois-je vous rappeler que la vie d’un chien est en jeu) : tiens c’est dommage il n’y a plus de lumière, j’aurais pu commencer la lecture de mon livre. Sur le palier la cellule de crise est animée par le dragueur de l’immeuble, dit J.J, Gigi quoi, ce sont ses initiales. La soixantaine et des poussières.

Depuis cet épisode* (*entre temps on nous a délivré) le dragueur se croit tout permis. Je le croise souvent, le monsieur a beaucoup d’imagination. Il a déjà :

-passé en revue le répertoire de Dutronc

-exécuté quelques claquettes

-pris des voix à la Audiard si nécessaire

C’est l’un des nouveaux comiques de mon sitcom. Je l’imagine bien à quinze ans, en pleine folie yé-yé, draguer à tout va dans les surprises parties. Il est tenace l’animal. Dans l’escalier, la fille recule de un il avance de deux. Manquerait plus que les rires enregistrés.

Ceci n'était pas une chute. Feignasse.

« Effectivement, c’est assez décousu ton truc»

1 septembre 2005

The no comprendo

etlalumierefut2

Prise dans une spirale fantaisiste, ce post n’aura une nouvelle fois pas de début. Ce qui va suivre n’est pas une intro. Désormais je commencerai toujours par évoquer un détail, un bout de salade coincé entre les deux dents de devant pour ensuite revenir à un plan plus traditionnel* (*un besoin de repères me pousse à rester raisonnable). Je vous ferai signe quand ça commence* (*vraiment).

Attention ceci n’est pas une intro* 

*à compter du 1er octobre ce double affichage n’aura plus court

Je pratique un sport de haut niveau. Tous les deux jours. Des années d’entraînement au compteur. Tout comme dans les films, le short et les baskets en moins : espoir - doute(s) - désespoir - larmes - "j’arrête tout je m’en fous" / espoir - doute(s) - désespoir - larmes - "j’arrête tout je m’en fous" / espoir - doute(s) - désespoir. Oui, je pratique le lancé de sac poubelle en local* (*le local à poubelles). Tous les deux jours la même magie, ce petit frisson m’encourageant à repousser perpétuellement mes limites. Alors je recule d’un pas, deux, trois et en cas de très grande forme, j’effectue mon lancé dans la quasi obscurité depuis le pas de la porte. Les autres poubelles retiennent leur souffle, béates et béantes.

Un public fidèle depuis le début de saison* (*le public en local = un micro-onde brisé physiquement et psychologiquement sans cuisine fixe, un ensemble brosse dégarnie+balayette exténuée, un tabouret IKEA 90's unijambiste) est tout acquis à ma cause* (*les encouragements se font très discrets, voire inexistants mais le cœur y est). Jeudi soir, grande première, une personne influente et redoutée* (*ma concierge) assiste malgré moi à mon exploit sportif. Elle est médusée, sûrement scotchée par une telle créativité de jeu. NBA âge d’or. Au lieu d’applaudir, elle a ce petit rire narquois* (*habile stratagème pour camoufler son admiration teintée d’émotion), et cette phrase à vous glacer le jeu : "c’est bien, je vois qu'on* s’amuse bien" (*on = moi = une "jeune" = à ranger dans le même sac que l’autre fou, un autre jeune, celui du quatrième qui écoute du Oh Marie par Johnny* (*oui je sais c’est insoutenable, selon ma legislation personnelle, ce genre d’agression sonore va chercher dans les 4 ou 5 ans de prison. Ferme.) volume à fond, fenêtres ouvertes à 4 ou 5 h du matin en chantant le refrain). Je suis victime de cette fameuse et odieuse manie française dénoncée maintes fois par bon nombre de vedettes opprimées, vous savez celle qui consiste à coller des étiquettes. Je suis donc comme Séverine Ferrer* (*animatrice-chanteuse-danseuse, le tout de talent) chez Ardisson face à un Dupontel déchaîné. Incomprise. J’encaisse, ma concierge me laisse. Bécasse, elle n’a rien compris ou bien elle est trop timide. Je tourne les talons, digne. Tel une Ophélie W. sur le déclin, j’opte pour l’humilité et l’abnégation option grande classe.

Attention ceci est le sujet de ce post*

*à compter du 1er octobre ce double affichage n’aura plus court

Je suis souvent distraite. Je ne vois pas tout, tout de suite. Et puis la lumière fut. Panorama non exhaustif de mes récentes mises en lumière :

Le jour où j’ai compris le pouvoir de la culotte.

Alain S. m’avait pourtant prévenue. Des réunions sérieuses avec débats d’idées incorporés* (*voir les archives pour comprendre) auraient pourtant du m’alerter. Oui j’ai trop longtemps sous-sestimé le pouvoir hypnotique de la culotte élastiquée taille ultra haute à motifs fleurettes délavés. Je l’ai compris ce matin dans le métro. J’attendais bien sagement sur le quai, bravant le danger en décidant de m’assoire sur l’un des sièges kaléidoscope* de la station (*ceci n’est pas une innovation technologique, urine(s), bière(s), début de vomi, les changements de couleurs ou de textures sont généralement réalisés sur le vif durant la nuit selon la technique de l’Act Painting). J’observe avec plaisir le ballet des chaussures, talons, tongs, mocassins. Mon voisin est absorbé par un article économique passionnant, et relève régulièrement la tête, presque inspiré, les yeux dans le vague* (*dans le vague il y a quand même une paire de fesses passant inopinément dans son champ de vision). J’ai envie de le remercier, il m’amuse. Chaque matin il y en a au moins un. Un de ceux qui n’osent pas regarder franchement* (*regrettant en octobre le temps béni des lunettes de soleil), inventant mille et uns alibis, déployant des trésors d’imagination pour voir sans être vu un décolleté (trop) plongeant ou une paire de jambes (trop) galbées. Après des années d’observation ma technique préférée reste sans conteste celle de l’homme orchestre, dite du j’embrasse et en même temps je regarde autour de moi parce qu’on ne sait jamais hein le destin c’est vache parfois mais c’est comme ça.

Bref je m’éloigne du sujet. Surgit alors des escaliers, une créature, hybride de Britney Spears et Mamie Nova. Britney pour les vêtements* (*jean taille basse) et Mamie Nova pour la culotte* élastiquée taille ultra haute à motifs fleurettes délavés très, très apparente (*malgré l’absence d’informations précises sur le sujet, nous pouvons supposer que Mamie Nova ne possède pas de string panthère ou tout du moins nous pouvons fortement l’espérer afin de préserver les dernières parcelles de notre fameuse âme d’enfant). La fille à la culotte élastiquée taille ultra haute à motifs fleurettes délavés défile. Une partie de la population masculine présente ce matin-là est littéralement hypnotisée ou subjuguée je ne peux pas être catégorique de là ou j’observe. Le sous-vêtement en impose. De quoi faire tomber en dépression un string noir sous pantalon blanc. C'est officiel l’attitude Mémé Décadente is back ou plutôt est née. Dans la rue même scène* (*nous sommes descendues au même arrêt). Certains se retournent, la la* (*vous voyez j'en viens à bégayer) culotte élastiquée taille ultra haute à motifs fleurettes délavés envoute tout sur son passage ou plutôt quiconque croise son élastique. Je suis fascinée et ne peux que m’incliner face aux arguments de cette super puissance. Vous aussi, chez vous, dans votre station, un jour vous aurez peut-être la chance de voir débouler dans votre vie une culotte élastiquée taille ultra haute à motifs fleurettes délavés* (*prédateur donc dominant au rayon sous-vêtements). Je vous le souhaite, la vie n’est plus pareille. Après.

Le jour ou j’ai réalisé que pleurer pour / penser (souvent) à / parler (régulièrement) d’un objet (n’)était (pas forcemment) normal.

Une fin d’après-midi, fin janvier. Insouciante, plus pour longtemps. J’ai sur la tête MON chapeau en poils de lapin angora* (*toutes ressemblances avec un post ayant réellement existé...). Déjà trois ans d’amour fou, trois ans de compliments, pas une rides ou bien si une ou deux et quelques poils de lapin angora en moins. En période hivernale, je ne le quitte plus, un amour saisonnier à contrat indéterminé. Et puis c’est le drame. Je constate sa disparition, c’est l’affolement. Ni dans mon sac, ni dans mes poches. On me dit de me calmer, qu’il est sûrement sous un portant* (*oui le hasard m’avait conduit ce jour-là à fréquenter les boutiques). L’hystérie me guette, j’examine chaque cm2 de la boutique, prête à tout et surtout à plaquer violemment au sol celle/celui qui serait vu en sa présence et/ou sa possession.

Je n’en ai pas l’occasion, je ne le reverrai jamais.

En état de détresse psychique avancé, le passé revient par flash. Le souvenir de mon collier, l’adoré, le magnifique, égaré à Monaco l’année de mes sept ans. Putain de rocher. Pour seul souvenir une photo. Avant. Moi et mon sourire édenté, radieuse donc, avec lui* (*mon collier). Tout ressurgit. Je l’imagine déjà sur la tête d’une autre* (*mon chapeau), la garce. Heureusement une amie est à mes côtés. Oui, elle comprend, elle est passée par là. Elle aussi, "il y a trois maintenant". Un, son manteau oublié sur une banquette de train et cette image obsédante : lui* (*son manteau) sur le corps d’une autre, heureux sans elle, le salaud. Elle préfère ne pas trop en parler, parce que mine de rien c’est encore là. Nous faisons front face à l’adversité. Je suis aux portes de la folie, douce la folie. Il m’en faut un, un autre, tout de suite maintenant, pour remplacer, pour l'oublier. Et j’en trouve un. Pas pareil, plus stricte, moins poilu* (*que mon chapeau en poils de lapin angora). il est moyennement beau mon placebo. Mon amie m’assure que j’ai fait le bon choix et puis après tout "c’était qu’un chapeau". Elle ne pense pas ce qu’elle vient dire, moi non plus. Tant pis on fait semblant d’être raisonnables. On se promet de ne plus JAMAIS en parler. Elle du sien* (*son manteau) et moi du mien* (*mon chapeau en poils de lapin angora). Les semaines suivantes, je le voyais partout, à chaque coin de rue. Souvent j’ai cru le reconnaître. Je me suis faite une raison. Il a droit au bonheur, va, vis ta vie, tant pis.* (*on se mettrait bien un peu de Hélène Segara/Roch Voisine, non?)

Attention : je ne pense pas un mot de ce que je viens d’écrire mais pour des raisons d’image il me fallait terminer sur une note positive et rassurante.

Aussi, afin de ne pas gâcher cette chute en forme de coucher de soleil je n’évoquerai donc la perte* (*dans des conditions atroces) de mon poster de Farah Fawcett chiné pour rien du tout et garanti 70's. Je n’en parlerai pas, vous pourriez me juger (trop) superficielle.

Le jour ou l’on m’a fait comprendre que l’humour pouvait être un sport dangereux voire glissant en zone dite de travail.

L’impression de revivre sans cesse la même scène. Moment supposé de détente. Tout le monde parle, personne ne s’écoute. Moi j’ai écouté/lu/vu/entendu ça. Bla. Bla. Bla. je commets alors un acte fou, parce que motivé par l’ennui. Je lance  : "vous avez lu le dernier Foucault". Foucault, Foucault, quoi Michel? un réedition spéciale? un inédit? Du côté du public, c’est un peu le panique. Je les achève. Jean-Pierre Foucault. "Du rire aux larmes" c’est le titre de son livre confession. Un titre prémonitoire. La blague ne prend pas, ou bien si un peu, je crois entendre un semblant de début de rire là-bas au fond. Me voilà étiqueter. Peut-être me soupçonne t-on déjà d’avoir a-d-ô-ô-ô-r-é le dernier Gavalda. Le doute plane avec sous le bras bien en évidence le dernier Marc Levy.

Je ne démens pas au micro avec larsen de rigueur. J’ai peur, la rumeur risquerait de s’amplifier, de prendre ses aises pour mieux se prélasser avec le dernier Cohelo. Note pour plus tard : penser à débarquer tous les matins avec entre les mains un (grand) classique. Penser à établir un roulement : lundi Les mots, mardi.... Penser à lire La possibilité d’une île le plus vite possible, dans la nuit s'il le faut, en prenant des notes pour tenter de briser mon image de tête de gondole. JP tu me le paieras.

"Je voudrai pas t'affoler mais ici j'ai vu traîner deux ou trois clichés pas très fréquentables"

22 août 2005

Minute, papillon.

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Eprouvant les plus grandes difficultés a trouver un début correct à ce post, exceptionnellement* (*ou comme d’habitude c’est au choix) il n’y en aura pas. Le "Alors oui effectivement" placé ci-après fait office d’entrée en matières ou plutôt de pieds dans le plat. Merci de votre attention et bon shopping chez h&m* (*veuillez m’excuser pour cette publicité intempestive n’ayant aucun lien avec ce qui va suivre. En vérité, cette annonce entendue il y a quelques jours en plein essayage me hante. Elle vient de se manifester. La phrase fantôme exacte étant : "afin de vous évitez une attente trop longue en cabines d’essayages, nous vous informons que nous échangeons ou remboursons tout article qui ne vous conviendrait pas dans un délai de trois semaines sur simple présentation de votre ticket de caisse. Merci de votre attention et bon shopping chez h&m"). Je me suis donc à mon insu lancé le défi de mémoriser cette phrase par cœur, donc le superflu, pour mieux oublier l’essentiel : programmer mon réveil, noter mes rdv, me souvenir des prénoms, garder quelques chouettes souvenirs en poche.

Société de conso un jour c’est sûr tu auras ma peau.

Re-mercie pour votre attention et votre (plus grand) respect envers les bizarreries de chacun. Faisant actuellement l’objet d’une enquête poussée, vous dévoiler ce genre de fait relève par conséquence de l’inconscience. Altruiste donc désireuse de vous faire partager ce détail (mais néanmoins captivant) de mon existence je brave donc le danger* (*là c’est la fin de la phrase, accordez vous quelques minutes de repos avant de poursuivre cette douloureuse lecture ou bien fuyez sans vous retournez loin, très loin, avant qu’il ne soit trop tard).

En résumé : pour vous, je prends donc tous les risques. 

- Là, maintenant, place au (vrai) début -

Alors oui effectivement, je connais le fameux effet papillon. La théorie est la suivante : la plus petite variation d’un élément peut s’amplifier progressivement jusqu’à provoquer des bouleversements à l’échelle mondiale. Il n’est donc pas exclu qu’un simple battement d'ailes de papillon à Paris puisse provoquer quelques semaines plus tard une tempête sur New York. A la lueur de cette savante définition, tout s’éclaire. Je suis fréquemment la malheureuse victime de ce satané effet mais à une petite différence près : les conséquences n’outrepassent jamais les limites de mon petit univers ou bien, je le concède, décoiffent parfois très légèrement mon valeureux mais bienheureux "entourage". Pour bien comprendre ce phénomène surnaturel il faut remonter au mercredi 17 août dernier, date de mon dernier cataclysme personnel. Au départ, un grain de sable, un presque pas grand chose, le fameux battement de rien du tout. Ce qui va suivre n’est pas un décompte et ne comporte aucun suspense. Tout le monde ne s’appelle pas Jack Bauer. Il est encore temps de partir en claquant doucement la porte.

- Là, maintenant, c’est le moment du (vrai) développement -

16h35 :

me voici comme l’exigeait mon planning au sein d’un bâtiment psychédélique. Petite précision : l’ambiance n’a rien de psychédélique et la déco non plus d’ailleurs, c’est juste que sa construction remonte aux 70’s. Etant donné que les raccourcis sont toujours extrêmement tentants et que le psychédélisme débridé fait toujours vendre, vous comprendrez sans mal ma démarche. Bref, je suis à la bibliothèque (un acte hautement non psychédélique), patientant comme je peux dans la file d’attente (ça aussi d’ailleurs). Moment de flottement. Mon voisin de file* (*non pas mon vrai voisin, non, non pas celui du post d’avant) me fait part de ses doutes existentielles : "je ne comprends pas pourquoi il n’embauche pas plus de monde""oui, oui, c’est vrai ça" (rire poli) - soupir de rigueur - sourire de compréhension ». Des moments amicaux, d’intense complicité, les yeux dans les yeux, ou plutôt les yeux sur le cadran. D’habitude je fais des efforts mais là vous comprenez j’ai ce satané papillon* qui me vole dans le dos (*il faut suivre un peu, on va pas s’en sortir).

16h40 :

le battement d’ailes c’est ici et maintenant. Au poste des retours de prêts c’est l’état de crise. Une personne a tenté de rendre un bande dessinée tâchée. Astérix est outré. Le responsable n’en mène pas large. Au poste de commandement, la procédure est appliquée à la lettre : "Eliane* (*la responsable de la cellule, des retours), tu peux venir s’il te plait j’ai un livre suspect, tâché". La machine se grippe. Les conséquences ne se font pas attendre : je ne serai jamais à l’heure pour prendre le train* prévu à 17h20 (*ce qui implique : choix des vêtements, chaussures et accessoires, tentative(s) de fermeture de valise). Je vois d’ici vos réactions : bah quoi c’est ça l’effet papillon, un malheureux contretemps ? Patience, vous étiez prévenus pourtant il n’y pas de suspense.

17h00 :

après inspection du livre, le conflit est désamorcé. Arrive enfin mon tour. Tentative de sympathie. Non décidemment l’amabilité en zone bibliothécaire relève de la vulgarité.

18h00 :

le papillon gagne du terrain, je suis dans l’obligation de prendre le train suivant. Armée de livres et magazines jusqu’aux dents, j’envisage déjà le pire, craignant un de ces têtes à têtes pesants expérimenté il y a quelques semaines* (*il faudra me faire penser à vous raconter mon délicieux Lyon-Paris en compagnie d’un médecin légiste. Ce jour-là le destin m’avait soigneusement planifié deux heures exquises et quelques cadavres - extrait : "le plus difficile dans l’autopsie ce sont les enfants, leurs organes ne sont pas encore tout à fait formés, du coup c’est un peu mou [silence - le paysage défile] Et alors vous vous faites quoi dans la vie ?".)

18h15 :

bagages casés, voisin de train* (*non pas mon vrai voisin, non, non pas celui du post d’avant) endormi donc extrêmement plaisant. Le sort est conjuré. Cette foutue histoire de battements d’ailes envolée.

- Là, maintenant, c’est le moment du (vrai) sujet de ce post -

18h25 :

le conducteur de ce paisible train se met à klaxonner* (*oui, un train peut klaxonner). S’en suit un freinage d’urgence. La jeune femme assise derrière moi en profite pour tester sa puissance vocale dans les aiguës. J’apprendrai plus tard que "lorsqu’elle a peur, elle ne peut pas se retenir, il faut qu’elle crie". Ce sont ses mots. Etrange ce bourdonnement dans mon oreille droite. Silence de nouveau dans la rame. Apparemment Jacadi a dit tout le monde assis.

18h35 :

le contrôleur, chemise ouverte jusque-là où le torse perd son nom* (*je ne sais toujours par à l’heure où j’écris ces lignes si ce détail vestimentaire est bien une conséquence du au stress engendré par le freinage d’urgence), nous prie de bien vouloir descendre avec une diplomatie hors normes : "Allez, je ne veux voir plus personne dans ce train d’ici cinq minutes, ON a tué quelqu’un sur la voie".

Le ON est-il teinté de suspicion ? Doté de pouvoirs extralucides, a t-il deviné la présence d’un élément maudit* (*moi). Ma voisine* (*celle qui crie) m’apprend "qu’un petit pépé et son chien sont passés sous le train". Sur la conscience c’est un peu lourd.

18h45 : nous voilà tous débarqués en pleine campagne. Tentant de ne pas céder à la panique, j'évite d’appeler tout mon répertoire à l’aide* (*d’autant plus que je n’ai presque plus de batterie, putain de papillon). Un peu plus loin les curieux se tordent le cou afin d’apercevoir un bout de bras ou de patte du "petit pépé et de son chien qui sont passés sous le train". L’animal social a senti l’odeur du sang et compte bien ramener dans sa tanière un morceau d’anthologie.

18h55 :

aux abois je décide de me rallier à la tribu des femmes regroupée plus loin. Là-bas c’est le défouloir, chacune vide son sac. L’une d’elle fond même en sanglots* (*mais dignement en reniflant dans un, son pull) comme ça, sans raisons précises. "C’est sûrement le contre coup" m’explique une fille du sud tous bling bling dehors. On ne se connaît pas mais le groupe des femmes fait bloc. De mon côté, je taille la bavette avec une bretonne. Oui, elle regrette de ne pas être partie plus tôt et souffre atrocement dans ses mules à talons achetées en soldes "pas vraiment conçues pour marcher dans les champs". Partageant la même vision de la vie, nous voilà copines. On est même vachement complices. La preuve, je veille sur sa veste "à laquelle elle tient, c’est un cadeau" et ses bagages "à roulettes c’est quand même plus pratique quand on a des correspondances" lorsqu’elle s’éclipse accomplir plus loin et en toute dignité un besoin primaire. Glamour quand tu nous tiens.

19h30 :

les minutes passent, peu paisibles. Cadre bucolique sous les lumières des gyrophares. On ne nous fait pas patienter. J’ai les larmes aux yeux en pensant au pépé. Mon ancienne voisine* (*celle qui crie) me précise que le chien a été projeté au moment de la collision. Les gens sont parfois pavés de bonnes attentions.

20h35 :

15 ans tout au plus. En crise c’est une certitude. Une ado me fixe et non je ne suis pas paranoïaque. Nous jouons d’abord au jeu du qui regarde qui. Puis nous évoluons vers le bon vieux duel du premier qui baisse les yeux. Toutes les deux réunies par cette même couleur rouge sang que nous arborons sur les ongles. J’ai peur. Venez me chercher.

20h45 :

poitrail toujours à l’air, le contrôleur nous convie à bien vouloir reprendre place à bord du train : "Allez, tout le monde remonte c’est bon, TOUT est déblayé". Assise à côté de ma nouvelle copine bretonne et ses nombreuses anecdotes. J’ai le droit au récit complet de son vol de portable sur le Lyon-Rennes alors que la malheureuse se rendait aux toilettes. Merci le papillon.

21h00 :

depuis quelques minutes, un passager alcoolisé effectue des allers-retours hasardeux dans l’allée, bière à la main (d’autres dans un sac plastique), léger filet de bave aux lèvres. Ma bretonne est passablement énervée, non parce que "vraiment quelle (fin) de journée !".

21h30 :

la terre promise, non sans hâte je gagne la sortie. "Bon, bah, bonne fin de voyage, hein, allez, courage". Egoïsme forcené.

21h40 :

Devant la gare. Un gars aux cheveux violet, avec un rat sur chaque épaule me demande l’heure. A ce point de l’intrigue plus rien ne peut me surprendre. Il pourrait tout aussi bien porter un justaucorps en panne de velours mordoré parce qu'en ce 17 août, 21h40, je prends défintivement goût à l'insolite.

- Là, pour finir c’est la (vraie) conclusion -

L’effet papillon n’est pas une invention :

Livre tâché > contretemps > autre train > collision d’un petit pépé et de son chien projeté plus loin > "Non mais vraiment il n'y a que toi pour vivre des trucs comme ça".

Quoi comment ça j’aime les chemins de traverse ?

"Tu sais, tu devrais sérieusement penser à diminuer ta consommation de parenthèses"

14 août 2005

Bang bang!

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Dans la (vraie) vie je ne les vois jamais arrivés, même de très, très  loin. Et pourtant les psy autodidactes et autoproclamés rodent* (*si l’on cumule ce post au précédent il est flagrant que ce blog prend une tournure délicieusement paranoïaque), attendant patiemment l’instant propice, le moment complice où enfin ils pourront délivrer leurs analyses, vous faire savoir tout le mal qu’ils pense de vous. Une chose est sûre : vous avez tord, il/elle a raison. Je fais semblant de te viser et toi tu fais semblant d’être blessé(e). Habile, le critiqueur non arssermenté peut se cacher derrière un visage angélique et sympathique* (*illustration : Punky Bruster, grande période). Le dernier que j’ai croisé avait plutôt opté pour le costume de mec décontracté, branché et super libéré. Une sorte d’hybride de Jamiroquai pour la forme et de Maître Capello pour le fond bien décidé à me prouver par lui+lui qu'il détient La Vérité. Compte rendu de la thérapie : trop d’angoisses, trop de « verrous intérieurs », trop comme moi, pas assez comme lui. La sentence est tombée, prend tes affaires, on s'en va.

Consciencieux et altruistes les psy non agréés mais avisés sévissent également sur le net, délivrant à qui ne veut pas l’entendre leurs jugements derniers. Dignes héritiers de Docteur Queen Femme Médecin galopant cheveux au vent par monts et par vaux, ils courent de blog en blog, pratiquent le post à post et surtout la psy la plus sauvage. A leur décharge il est vrai que l’urgence est là : des millions de pauvres bougres s’expriment sur le net sans retenu et en toute liberté. Soyez soulagés, contre vents et marrés technologiques, ils sont encore sur le pont, guettant le moindre faux* (*surtout ou pas d’ailleurs) avec dans leurs besaces une panoplie complète de jugements à l’emporte pièces.

Promenade quotidienne dans un monde de blogs. Dans les commentaires la thérapie fait rage. Il faut que ça fuse, que la méchanceté rode et surtout que les remarques frôlent. Toujours en garde, il convient de faire mouche. Presque nostalgique je me souviens quand ces cow-boys de l'analyse ont pour la première fois frappé à mon blog : lectures de revues dites « féminines » en état de superficialité avancé, le diagnostic est alarmiste : personnalité superficielle = discours inintéressant = pour le bien de l’humanité merci de cesser toute activité  écrite. Bang bang, you shot me down. Je n’ai (hélas) pas eu droit à mon Dallas virtuel ou quand la lutte fait rage à La Clinique de la Fôret Noire. Le genre de guerre des nerfs où ne sont admis ni les brushings, ni les épaulettes même pas un petit regard qui tue face caméra mais juste les ordi à ordi virils et autres règlements de compte sommaires. C'est alors que les phrases (supposées) assassines se suivent et se ressemblent.

Dans le cas de patient rebelle, le chevalier-thérapeute des temps modernes est dans l’obligation d’employer la manière forte. Il opte alors au choix pour :

- La grossièreté : il s’agit de stimuler le patient insconscient de la médiocrité intellectuelle dans laquelle il se complet. En publiant ces textes sur le net il risque donc d’étendre la contamination. Ayant à sa disposition une liste d’ expressions fleuries, le thérapeute  passe en revue toutes les insultes avec la minutie d’un psychopathe multi-récidiviste* (*le à chier s’est fait, on raye, et le va te faire bip aussi, allez je tente un petit sale bip). Les attaques personnelles à hautes doses sont également vivement recommandées afin de favoriser l’électrochoc.

- La politesse Grand Siècle : dans ce cas-là, pas de traitement choc mais sur la durée. Tout débute par un lancement d'hameçon pouvant se présenter sous la forme d’une liste de questions* (*sans réponses le cyber psy a toujours raison) afin de susciter le débat. Intellectuel à ses heures, le thérapeute sait mieux que personne exposer ses idées. Parfois lassé il peut décider d’abandonner la bataille* (*dans les cas les plus désespérés bien-sûr). Un dernier coup de cape et le voici parti comme un prince avec en tête le nom de son prochain patient.

- Le discours moralisateur : clairvoyant quand au manque de pudeur manifeste règnant sur votre blog, le thérapeute n’a qu’un objectif : vous ammenner à une remise en cause des valeurs chancelantes sur lesquelles vous avez bâti jusque là votre misérable existence. Il y avait le classe/pas classe, on oublie souvent le bien/pas bien. Évoquer des problèmes capilaires, épiloguer sur un bout de chiffon ou sur tout autre sujet bassement ou plutôt salement matériel c’est _ _ _* (*ceci est un test, merci de compléter cette phrase en toute lettres afin d'évaluer votre état de délabrement psychique).

"Ah bah maintenant j'ai compris! je me disais aussi c'est bizarre d'être aussi malpoli(e)..."

27 juillet 2005

Ma vie est un roman (à deux ou trois tongs près)

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La banalité. Mot grossier à peine balbutié de peur de le réveiller. TOUT LE MONDE connaît cet horrible phénomène mais personne ne souhaite être concerné. Si, si, oui, oui, c’est ça, ça n’arrive qu’aux autres. Tous les jours, même le dimanche il convient de cultiver l'inédit de la tête aux pieds. Car TOUT LE MONDE se doit d’être exceptionnel. ELLE est exceptionnel, IL est vraiment exceptionnel, mes collègues eux sont carrément OVER exceptionnels. Entourée de presque-célèbres-s’ils-avaient-voulus je ne peux me résoudre à la banalité, pire l’indifférenciation, que dis-je la médiocrité affichée. Toute personne se complaisant dans la routine la plus abjecte se verra désormais qualifiée d’infâme personnage. La prise de risque est ma planche de secours. Le Hé j’vous ai pas raconté, une politesse. Ce qui va suivre est vrai :

LE JOUR OÙ MON (JUSQUE-LÀ SUPPOSÉ) GENTIL VOISIN D’UNE CINQUANTAINE D’ANNÉES, PROPRIÉTAIRE ÉPANOUI D’UNE VESTE EN JEAN DELAVÉE SANS MANCHES EST (PRESQUE) DEVENU UN PSYCHOPATHE :

1. (PRESQUE) MULTI-RECIDIVISTE (ET CRUEL),

2. (PRESQUE) INSATIABLE COLLECTIONNEUR DE MECHES DE CHEVEUX APPARTENANT À DE JEUNES PERSONNES PLEINES DE VIE,

3. PROFÉRANT (PRESQUE) SES CRIMES RITUELS AU MOYEN D’UNE SCIE*

(*cet outil peut vous paraître totalement dénué d’intérêt pire banal pour un (presque) tueur de son rang. En réalité l’utilisation d’une simple scie fait de lui un personnage décalé* (*mieux qu’exceptionnel, le décalage étant le label suprême).

-Ceci était un paragraphe d’introduction. C’est un peu laborieux mais c’est le prix de la différence-

C’était un lundi de juin. Sur TF1 les menhirs commençaient à saigner* (*il n’est pas interdit de regarder la télé mais que d’un œil, cynique et d-é-c-a-l-é l’oeil). Mon plat de pâtes-beurre-grugru* avalé (*loin d'être pathétique il s'agit en réalité d'un acte de résistance dans le gastronomisme* (*j’invente des mots il faut ce qu’il faut) ambiant). Prenant grand soin à ne (surtout) rien comme les autres, je décide de sortir mes poubelles vers les 22h15. Le sang coule, les menhirs restent stoïques et Ingrid C. n’en finit pas d’étrenner son flamboyant jeu d’actrice* (*émotion-détermination/émotion-détermination/émot…). Inconsciente de ce qui se trame, je sors sur le pas de ma porte.

C’est le moment que choisit L’Exceptionnel pour surgir : la porte de mon voisin est grande ouverte, l’appartement plongé dans l’obscurité. Et je le vois, ce sceau ou plutôt The sceau (rouge le sceau, rouge) manifestement reconverti en un élégant cale-porte d’où émerge nettement une scie. Bah oui une scie toute bête quoi, de celle que l’on peut admirer aux mains de Charles Ingalls mais en un peu plus moderne quand même. Mon voisin se sert d’une scie pour bloquer sa porte, tout est parfaitement normal. Respirer par le nez. Chéri(e) passe moi la scie sauteuse ou tout ce que tu as de très contondant, c’est vraiment pénible cette porte qui claque. Je m’agrippe à mon sac poubelle Carrefour, tâchant de faire le moins de bruit possible* (*je suis munie au moment des faits d’une paire de tongs, putains de tongs). Dans l’ascenseur, vite. Je suis en sursis mais pour combien de temps ? J’envisage déjà le pire. Soudain tout me paraît évident : ses obséquieux bonjour/bonsoir, cette manie de se mouler dans ses jeans, la coupe affreuse de son chien, cette obstination à épousseter compulsivement son paillasson : tout est là, oui c’est flagrant depuis trois ans je partage l’étage avec un sérial killer s’essayant de temps à autre à la coiffure canine avant-gardiste. J’ose à peine entrer dans le local à poubelles, guet-apens idéal testé et approuvé par bon nombre de tueurs fous sévissant dans d’obscures séries allemandes. S’en suit un remarquable jeté de sac poubelle effectué d’une seule main, l’autre me servant à tenir la porte du local entrebâillée et la lumière allumée* en simultané (*je hais les minuteries, je hais les minuteries, je hais…).

Mais le pire est à venir. Les nerfs à vifs, le moindre bruit pourrait m’arracher un cri ou plutôt un hurlement de teckel terrorisé* (*pour comprendre il faut l’avoir vécu, je veux parler du cri de tekcel terrorisé, ou bien alors fortement l’imaginer). D’un pas aussi fluide que celui de Nono le Robo à son apogée, j’emprunte à nouveau l’ascenseur. Je pourrais regarder les étages défiler, les yeux rivés sur l’affichage numérique mais mon immeuble date des années 70. L’angoisse dans l’ascenseur tapissé de moquette odorante* (*dont la teinte reste à ce jour non identifié quelque part entre la marron et le vieux rose) est bien là mais demeure intériorisée. Deuxième étage, traditionnelle secousse de rigueur, au minimum 6,0 de magnitude sur l'échelle de Richter. Je sors à pas de loup. La porte est toujours là, la scie dans le sceau aussi. Objectif : ouvrir délicatement ma demaure sans faire tinter mon trousseau de clés. J’ai presque du mal à respirer. Reprend toi gamine pense à Ingrid. La scie me nargue, toutes dents aiguisées dehors. L’appartement est toujours silencieux, il n’y a que le bruit d’un ventilateur ou bien peut-être est-ce le souffle haletant du voisin fou tapi dans l’ombre, prêt à bondir. La bobine de film de mon petit ciné intérieur tourne à plein régime. J’ai du mal a bien viser la serrure. Et puis il y a ce porte-clés débile (un énorme cœur en plexiglas rose) claquant contre ma porte, générant à ce stade de l’intrigue un boucan d’enfer. Enfin, la délivrance. Je suis chez moi. Trois verrous fermés. Je pourrais m’adosser à ma porte en manifestant bruyamment mon soulagement. Peut-être un peu trop cliché, je me suis abstenue. Depuis cet épisode beaucoup de questions :

- Mon voisin a-t-il toute sa tête ?

- Souhaitait-il me lancer un « dernier avertissement avant exécution », la scie étant le fameux avertissement.

- Est-ce "tendance" de caler sa porte l’été en période de fortes chaleurs avec une hache et/ou sécateur et/ou tronçonneuse ?

- Mon voisin est-il en faite une sorte de génial double masculin de Matali Crasset ?

Je vous aurais bien raconter la fois où ma pizza surgelée s’est mise à flamber dans mon mini-four mais vous risqueriez de vous lasser.

"Ben, dis donc, s’il tourne la suite j'espère que tu ne seras pas en tête d’affiche".

5 juin 2005

Grand ménage

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LISTE DE DEFAUTS A VENDRE* - PAS SERIEUX S'ABSTENIR (*non satisfait ou pas remboursé)

Défaut 1 : à saisir, presque neuf.

Descriptif : le syndrome de la carpe ou la difficulté d'évoquer* en société la pluie et le beau temps (*avec enthousiasme).

Courir les brocantes, acheter de vieilles chaises, de poussiéreuses commodes, d’antiques buffets en formica, de quoi meubler les blancs et autres trous béants de conversations amidonnées. Je n’ai pas (encore) l’art et la manière. Rien à faire, l’ennui plus fort, bâillements réprimés devant sa tasse à café, tourner machinalement les pages d’un vieux prospectus du BHV (une question omniprésente : zéro points communs ?) – Musique d’ascenseur, rumba intérieure – C’est encore loin la fin ? Oui, il votera, non il ne sait pas encore quoi. Ah, bah c'est bien c'est comme moi. La liste des sujets s’amenuise. J’aimerai pouvoir quitter la scène à pas de loup, escarpins à la patte, partir converser avec des figures dites "amies". Juste à côté, sous mes yeux une grande actrice, bête de scène, prête à disserter sur les pluies à répétitions à Guingamp. Je manque cruellement d’entraînement et de conviction. Entourée de grands fauves peu bavards, me voilà muette comme une carpe. Tombée la tête la première dans un fossé intergénérationnel. Je ne parle pas beaucoup. On ne m’en tient pas rigueur d'ailleurs, le tout est mis sur le compte de la timidité. C’est sûr pense t-il je l’impressionne la p'tite. En plus j’ai un alibi en béton. Je suis jeune* (*jeune = pas encore assez d’expérience + passion pour la mode = sujets de conversation limités voire très).

Quoi je suis paranoïaque ?

Défaut fortement déconseillé au + de 35 ans car risques de soupçons de snobisme aigu. Pour résumer, il est plus prudent de parler pour ne rien dire parce qu’en zone mondaine et professionnelle le silence n’est pas d’or mais simplement gênant voire inquiétant.

Défaut 2 : d’occasion, plus ou moins gênant, énervement garanti, folie au bout du chemin si persévérance dans les efforts. 

Descriptif : le syndrome de la fenêtre mal fermée ou la tentation de la folie domestique non maîtrisée.

Je vérifie des trucs. J’ai des petites obsessions, des manies de mamie. Dans la rue, soudain une interrogation : ai-je bien fermé la fenêtre du salon ?* (*la pluie risque d'entrer dans l'appart et ruiner l'authentique tapisserie 70's) Oui dans le bus il m’arrive d’être torturée par une métaphysique question : ai-je bien débranché le fer à repasser ?* (*il risque de prendre feu et anéantir la penderie de toute une vie). Lutter dans le hall de l’immeuble pour ne pas remonter les escaliers quatre à quatre, juste cinq minutes, histoire de se rassurer. Je sais ce qu'en penserait un psy cathodique. Le docteur Meunierä made in M6 me dirait de me méfier, ça commence comme ça et puis après, ma petite dame, on sait pas hein, ça peut se transformer en TOCä. Bref cette petite manie de rien du tout a de l’avenir, bien cultivée, très fortement accentuée elle pourrait bien me garantir une place de choix dans l’une des productions de Delarueä : " Quand une manie devient un TOCä ". Mademoiselle G. témoigne, oui j’ai franchi la limite. Bien sûr pour des questions d’anonymat j’exigerais la paire de fausse lunettes Chanel période Jackie O. et la perruque blonde platine enfilée à la va vite. C’est fou quand même comme la vie quotidienne peut être génératrice de rêves.

Défaut recommandé aux personnes ayant du temps à perdre et des envies de célébrité.

Défaut 3 : déjà beaucoup servi mais bon état, pics de cynisme garantis si entraînement sérieux.

Descriptif : le syndrome de l’anti-happy end ou le refus des fins Chabadabadaä.

Tout à commencé après le douloureux visionnage de l’ultime épisode de la célèbre et cérébrale série Beverly Hills. On pouvait y voir la bimbo Donna* (*la blonde aux bras fluets) convoler en justes noces avec son Steve*, le grand amour de son adolescence (*le petit châtain se plaisant à écarquiller les yeux en cas de coup dur ou lors des scènes d’émotion intense). Tout le monde a l’air super content même Kelly* (*la petite blonde déchirée entre son amour pour le raisonnable Brandon et son inavouable attirance pour le ténébreux et born to be wild Dylan) est aux anges* (*et ce malgré tout ce qui lui est arrivé au cours de ces tumultueuses dix dernières années : drogues, incendie domestique, tentative de viol, amours perdus, chat écrasé, père absent, mère dépressive et alcoolique, dispute mémorable avec Brenda ex-meilleure-amie-confidente-presque-soeur, harcèlement sexuel sur son lieu de travail, mariage annulé, coloration ratée, rien à se mettre en permanence, frange en pétard portée pendant deux très longues saisons). Bref, le manque totale de crédibilité de la fin m’a traumatisé. Croyant ne plus avoir à supporter l’obscénité d’une pièce montée de choux à la crème couronnés d’un couple de mariés en sucre, voilà que vendredi soir l’équilibriste Carry Bradshaw balance une poignée de sucre Candy sur le dernier épisode de Sex and the City. Non, vraiment c’est épuisant. Il va sans dire que je m’attends au pire pour les derniers instants de Allias. L’agent secret finira t-elle en cuisine équipée en train de préparer des muffins pour son amour de toujours, le gentil Michael Vartan occupant désormais un emploi administratif (parce que c’est moins dangereux et c’est plus sage maintenant qu’il a une vie parfaite et épanouie).

Comment ça je regarde trop la télé ? Quoi je suis pas positive ? Moi, aigrie ?

Défaut conseillé aux personnes souhaitant perfectionner leur pessimisme naturel en vu de concurrencer Cioran.

Autres ventes privées prévues fin juin. Y'en aura pas pour tout le monde.

"Non au fond je l'aime bien ce défaut mais tu vois je me sens un peu boudiné(e) avec"

21 avril 2005

There's a new man in town

- Ce post contient de nombreux clichés et autres stéréotypes -

- Vous êtes priés de ne pas déborder des cases ou de faire comme si merci -

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En ce moment je mène une enquête. Je m’intéresse. J'étudie les NOUVEAUX MALES* (*l’emploi de la fonction majuscule a pour but de souligner le caractère supposé terrifiant du phénomène). Je sais déjà que l'homme nouveau a ses icônes (David B., Ariel W., Edouard B...), il a même un nom : METROSEXUEL* (*oui je sais, on sait). Un mot à la mode qu’il est de bon de glisser négligemment dans une conversation en se demandant (à haute voix) si finalement le phénomène métro’* (*vous êtes un initié, vous pouvez vous permettre certains audacieux raccourcis) n’est pas finalement qu’une forme évoluée* (*restez évasif afin de créer la connivence) de dandysme. Je vous laisse méditer. L'homme nouveau semble très codifié, donc facile à repérer. Il est le sujet d'articles de fond, l'objet de théories, de typologies plus ou moins approfondies (il existerait différents types d'hommes métro'). L'homme nouveau est là, au centre de toutes les attentions. Ken a été prié de débarrasser le plancher, there's a new man in town.

Malgré mes connaissances de base sur le sujet, j’ai encore beaucoup de lacunes et du temps à rattraper. Trop occupée. Entourée d'hommes "normaux", et autres Aldo désespérement "old school", j’ai bien failli ne pas voir le mâle arriver* (*le nouveau mâle permet tous les jeux de mots approximatifs mais drôles quand même : bien mâle, fais moi mâle, le mâle est en vous, les nouvelles forces du mâle...Les possibilités sont infinies).

Après lecture de la presse spécialisée, je décide de passer à la phase " terrain ". Dans le bus, depuis ma fenêtre, dans les bars, au resto, dans le métro. Je cherche, je fais le tri. Deux colonnes. Les nouveaux bonhommes. Les anciens. Dans certains cas c’est facile. Il y a des critères éliminatoires. L’absence de port du déodorant s'avère être fatale. Le port non réglementaire d’une chemise à petit carreaux vichy ou d’une coupe de cheveux en brosse "non structurée" le sont tout autant. Une conclusion : n’est pas homme neuf qui veut. On ne se réveille pas nouveau mâle, comme ça, un beau jour, dans son pyjama Bart Simpson, tranquillement installé devant la télé en train de déguster ses Chocopops. Dans d’autre cas, rendre un verdict est plus délicat. Il faut savoir se poser les bonnes questions : ce type, là-bas, portant une veste vintage, a t-il pleinement conscience de la portée de son acte, souhaite t-il ainsi démontrer qu’il sait " jouer avec les styles et créer SA mode " ou bien n’avait-il en fait que cette veste à se mettre ? Et cet autre gars, là, assis à mes côtés, a t-il choisi seul son parfum ou bien est-ce sa femme/petiteamie/maman qui l’a encouragé à tester-le-petit-échantillon.

Le mystère reste entier, les nouveaux hommes sont parmis nous, c'est sûr, mais où? Il est temps de formuler quelques hypothèses.

Hypothèse n°1 :

L'homme nouveau fait tout comme avant mais en mieux habillé. Il n'est pas/plus du genre à combattre un ours à mains nu simplement vêtu d'un Levi's 501 et d'une chemise de bûcheron aux manches sommairement arrachées* (*parce qu'il faisait chaud tout à coup) à l'aide d'un canif Laguiol rouillé* (*parce qu'il n'avait que ça sous la main). Comprenons nous bien. L'homme nouveau peut sans problème provoquer en duel un atroce animal sauvage velu et assoiffé de sang mais plus dans n'importe quelles conditions vestimentaires. Parce que le mythe du Ken à la mâchoire carrée et aux yeux couleur bleu océan en Levi's 501 ça va bien hein, maintenant...Après des années d'oppression, l'homme a décidé de briser la loi du silence : non, il ne veut plus porter de 501, oui parce que ça ne flatte pas sa silhouette.

Le nouveau mâle a certaines exigences et revendique vaillamment l'égalité vestimentaire. C'est beau un homme qui a des idéaux.

Hypothèse n°2 :

L’homme nouvelle génération s'épanouit dans la subtilité. Calculée, la subtilité, à l'ourlet près. Tout est dans le détail. Prenez garde mesdames, la masculinité peut se nicher dans le revers d'une veste aux motifs audacieux, dans une branche de lunette, dans le détail d'un lacet, d'une chaussure, d'une mèche rebelle...Nous sommes dans le registre de l'infime, du suggéré, ni trop peu, ni pas assez. Merci de marcher sur la pointe des pieds. Un vendeur averti des Galeries F. me fait comprendre qu'il y a certaines "limites" que le métrosexuel n'ose pas encore franchir, histoire de ne pas passer...Comment dire..."De l'autre côté". On discute. Il illustre ses propos par un cas d'école, Un tee-shirt rose à manche longue, " oui, celui-ci, avec des boutons nacrés sur l'avant, une très belle finition ". L'homme est passionné. Il se dit heureux de l'évolution des mentalités, " parce qu'il y a encore quatre ou cinq ans c'était pas encore ça...", mais rencontre des " problèmes " avec ce tee-shirt. " Parce que le rose - même très pâle - c'est pas évident ", " il y a la peur, vous savez quoi...Comment dire...de paraître efféminé ". Le mot est lâché. Ca y est. L'homme nouveau est parfois hanté par de vieux démons. Cette peur de cour récré, la trouille d'être montré du doigt, la hantise du "han l'autre t'as vu il porte des vêtements de meuf". Note pour plus tard : éviter d'aborder certains "sujets" en présence d'un homme nouvelle recette.

Je continue mon exploration dans les rayons. Je suis alors le témoin d'une scène que l'on croirait tournée en mon honneur. Un homme, la trentaine. Une vendeuse, convaincue. Il cherche un pantalon. Le lui fait savoir. Elle lui présente les modèles. Et puis surgit LE pantalon. Violet, à carreaux, coupe cigarette, un rien délavé, pour dandy urbain qui sait porter le violet et l'écossais avec une élégance nonchalante savamment étudiée* (*voilà ce qu'aurait pu dire le dépliant). Un pantalon-concept, un pantalon-à-histoire. Le genre de pantalon à évincer tous les autres, le style un seul pantalon vous manque...Et c'est votre penderie qui tire la tronche. Un pantalon-poème quoi. L'homme a alors ce petit rire. Ce rire de mécréant, de celui qui ne sait pas, du gars qui n'a pas compris qu'il faut au plus vite foncer dans la rame avant que le phénomène métro' ne lui file sous le nez. Il rit alors franchement et demande : " Mais ce pantalon c'est pour hommes vous êtes sûre? ". Consternation de rigueur du côté de la vendeuse. Moment de flottement. Un ange passe, mal fringué l'ange. David B., par pitié, priez pour cette brebis égarée.

A ce stade de l'enquête, j'ai alors la chance de rencontrer un des représentants du " phénomène ", un homme quoi, nouveau l'homme :

Il est élégant l'homme nouveau, bien de sa personne. Toujours de bon ton, les bonnes chaussures, la bonne expression, la bonne couleur, le bon moment. L'homme est aussi séducteur. Quand l'homme nouveau a chaud il effectue un jetée de veste-militaire-détrournée des plus impressionnants et décoiffe sa coiffure-décoiffure d'un geste las. A touch of panache. Il peut également  prodiguer quelques précieux conseils, à vous, pauvre femme, pauvre gourde pas assez à l'affût des dernières tendances. L'homme nouveau sait ce qu'il veut. Il réfléchit à sa prochaine tenue, " pour un mariage au mois de juin ", il a déjà une idée en tête. L'homme nouveau est comme ça, prévoyant.

Et puis au milieu de ce tourbillon de nouveauté, il y a les résistants. Ceux par qui la chaussette tirbouchonnée, le tee-shirt engagé dans le pantalon, le pantalon "feu au plancher" arrivent. Celui qui demande sincèrement étonné : " bah, quoi, vous avez quoi contre le bleu et le violet? ". L'homme ancien n'a que faire des subtilités de matières, des variations de couleurs et autres effets de manches. Il ne rêve pas de paires de chaussures au point d'en perdre le sommeil, ne pense pas le soir à sa tenue du lendemain (ou bien si mais en secret).

Anciens/nouveaux. Le match est annoncé. Une question soudain, angoissante : " quelle couleur les maillots? "

- " Et le Bachelor alors, ancien ou nouveau? "

- " Non simplement macho."

24 février 2005

Faut pas rêver

- Avertissement(s) -

 

Ce post n'a aucun intérêt pour :

 

1. Les personnes déjà insérées sur LE Marché du Travail et heureuses de l'être.

2. Les personnes en voie de (ré)insertion sur le marché du travail et heureuses de l'être bientôt.

3. Les stagiaires odieusement heureux et confiants en l'avenir.

4. Les futurs stagiaires je-signe-ma-convention-demain-et-c'est-trop-bien.

 

Ce post est fortement déconseillé aux :

Adolescents, post adolescents, adulescents™ et autres jeunes™ pleins d'espoir.  

 

Ce post n'a vraiment aucun intérêt sinon de me faire plaindre. Le jeune™ (qui peut être aussi adulescent™) a besoin que la société le plaigne. Ca lui remonte le moral au jeune™ de savoir qu'il a raison de se plaindre. Alors par pitié plaignez moi.

 

Pour la quatrième année consécutive, je vis un psychodrame intérieur à rebondissements. C'est l'histoire d'une fille qui cherche un… - émotion contenue donc digne – … Stage dans un univers impitoyable, LE MONDE DU TRAVAIL. Mi-mélo mi série-Z... Pour faire simple, une espèce de navet à petit budget intemporel et multi-diffusions.

Faut dire que tous les ingrédients sont réunis : une jeune™ qui en fait trop, des sentiments exacerbés, des décisions fermes et définitives temporaires, des qu'est-ce que je vais me mettre sur le dos, des tensions intergénérationnelles, de l'espoir, du désespoir, puis de nouveau de l'espoir et en faite non du désespoir. Y'a beaucoup de suspense quoi. Le tout se compose de différentes scénettes cocasses, pathétiques, émouvantes. C'est un peu décousu mais quand même organisé, c'est un peu compliqué à expliquer, c'est du cinéma contemporain.  

 

Septembre-Novembre

Scène 1 : le soleil brille insolemment. Oh regarde un écureuil ! Le monde dans lequel nous vivons est charmant, non ?

 

C'est le temps de l'insouciance. La période yé-yé du psychodrame. Je ne porte pas de robe à volants qui tourne, ni même de couettes (réalisme temporel oblige) mais dans ma tête y'a comme un air de twist chanté par France Gall début de période* (*Etat psychologique du personnage). Tout est dit. Tout est encore possible. L'héroïne est tête en l'air, elle n'a pas retenue la leçon de l'an dernier : IL FAUT COMMENCER A CHERCHER UN STAGE DES LA RENTREE . Les temps sont durs elle devrait le savoir à force. L'utopie est collective. Notre héroïne se surprend même à rêver d'un stage rémunéré. C'est un signe. Le pire est à venir.

 

Mi-janvier

Scène 2 : Tout est de moins en moins possible. Oh toi tu as besoin d'une bonne petite cure de magnésium !

 

Le drame social est proche. Reviennent aux oreilles de notre personnage d'atroces légendes urbaines. Elle apprend qu'untel, une ancienne, une fille de l'an dernier, brillante élève " galère pas mal ". De son histoire elle ne retient que les mots clés, ignobles qualificatifs : pas d'emploi depuis 6 mois, vit chez ses parents, sortie avec mention pourtant. Non, ceci n'est pas de la science fiction, non ça n'arrive pas qu'aux autres. Notre héroïne entre dans une période de doutes. La preuve, depuis quelques jours, elle prend chaque soir conscienceusement sa dose d'euphytose™*, (*médicament homéopathique à base de plantes censé procurer un sentiment de sérénité). Il lui arrive même de prendre un cachet de magnésium tous les deux jours après avoir regardé Bern à la Télé. Vous l'aurez compris la jeune™ est dans la tourmente. Elle a des doutes existentiels. Faut dire que les seconds rôles n'y mettent pas du sien, la scénario est impitoyable.

 

Extraits : Une conversation téléphonique entre elle et sa grande tante de 75 ans.

 

La grande tante : "Alors ta mère m'a dis que tu cherchais un stage ?"

La jeune™ : " Oui. "

La grande tante : " Et alors t'as trouvé ? "

La jeune™ : " Non toujours pas, tu sais c'est pas facile. "

La grande tante : " Ca je veux bien te croire, j'ai toujours pas compris ce que tu faisais comme études au juste…T'avais qu'à faire commerce comme ta cousine.

 

Vouloir écrire des trucs de bonnes femmes dans des magazines de bonnes femmes c'est pas avec ça que tu vas gagner ta croute* (*attention, expression en voie d'extinction) .

Alors la jeune™ rit, elle est jeune™. Jaune. A la suite de cette conversation, le scénario aurait voulu que le personnage du jeune™, incompris dans ce monde cruel, commette des actes de jeune™ :

 

- Entrer en rébellion et claquer la porte de sa chambre*

(*notre personnage ne peut pas, elle n'habite plus chez ses parents)

 

- Écouter du Damien Saez à fond*

(*notre personnage n'a pas le CD approprié)

 

- Penser que Jérémie Chatelin a bien raison*

(*ceci est contre les principes moraux de notre personnage)

 

- Se remettre un petit peu de gel out of bed*

(*niveau coiffure notre héroïne s'est assagie depuis plusieurs années)

 

Notre personnage a donc préféré négocier avec le réalisateur. La jeune™ n'est plus toute jeune, depuis une semaine et 4 jours elle a 23 ans. Alors même avec beaucoup de maquillage… Elle se contente donc de raccrocher et retourne prendre un cachet de magnésium. Rock'n'roll.

 

Mi-février

Scène 3 : En cours de tournage

 

Au programme : de la tension, un peu (beaucoup) de susceptibilité, une happy end (on/je l'espère). La jeune™ garde espoir. Toujours. Elle est jeune après tout.

 

"Oh toi en ce moment, j'voudrais pas dire, mais t'as pas trop la positive attitude, hein?"

 

5 février 2005

Magicien Informaticien

Avertissement : que les choses soient claires, j'aime les informaticiens (mais ils ne me le rendent pas).

 

Depuis plusieurs semaine je suis en contact avec un monde parallèle. Celui des informaticiens.

Je connaissais l'existence de cette tribu, pas ces rites initiatiques. J'avais déjà entendu parler de leur goût pour la fantaisie vestimentaire et les chaussettes aux motifs extravagants. Pour ne rien vous cacher, je compte même plusieurs de leurs membres parmi mon entourage.

 

Je me souviens, un jour, avoir osé poser à l'un d'eux une question banale (LA fatale, LA technique, LA question) : " et ton travail alors çà consiste en quoi exactement* " ? (*la réponse qui suit se déroule en cinq phases et peut être illustrée par une présentation Power Point) :

 

1. Mots incompréhensibles - hocher la tête, faire comme si.

objectif : abréger la torture psychologique qui se profile.

 

2. Illustrations par des schémas multi flèches, triples entrées, quadruples niveaux de lecture - tenter de faire diversion " oh, tu sais t'embêtes pas, tout çà c'est un peu compliqué pour moi ".

objectif : décourager l'informaticien en mettant en avant votre superficialité intellectuelle.

 

3. Lueur de passion dévorante (ET/OU inquiétante) dans le regard, gestes qui s'emplifient, vocabulaire anglicisé - faire mine de s'extasier.

objectif : sécuriser l'informaticien, NE SURTOUT PAS essayer d'écourter la conversation. Ceci pourrait être perçu comme une agression. Rappelez vous que vous n'êtes pas à l'abris de quelques mauvais sorts.

 

4. Survol rapide - 15 minutes - des nombreux inconvénients du système Windows* (*magicien leader et pas très sympa apparemment), nouvelle salve de mots bizarres - faire mine d'être outrée par cette odieuse hégémonie.

objectif : être accepté, créer de la connivence au mieux de la complicité. Attention ce genre de technique peut avoir des effets pervers, l'informaticien pouvant croire que vous êtes RELLEMENT intéressé.  

 

5. Conclusion et ouverture : les révolutions technologiques à venir en matière de souris - se diriger au moyen de petits pas saccadés vers la sortie (si l'informaticien est chez vous la situation est plus délicate), mimer un malaise ou vous souvenir (à très, très haute voix) que vous avez un poulet au four (attention l'informaticien peut vous suivre et reprendre le fil de la discussion en cuisine).  

 

Depuis cette conversation, je garde mes distances. Au nom du plus jamais çà, je me contente d'un vocabulaire évasif : programmation, système d'exploitation.

 

Le destin m'a rattrapé. Il y a quelques semaines j'ai eu ce que l'on peut pudiquement appeler des soucis informatiques. Un virus. Un ordi envoûté. J'ai du faire appel aux forces occultes.

 

Etape 1 : rencontre d'un druide professionnel de l'informatique dans une boutique spécialisée.

 

Il me faut donc pousser la porte d'un de leur repère. 10h, un samedi matin. Ils sont déjà nombreux. Dans la file, trois ados attendent leur tour devant moi. Ils parlent à voix basse et emploient des mots mystérieux. Je suis (pour l'instant) la seule "présence féminine" de la boutique et il y a autour de moi pas mal de cheveux-long-queues-de-cheval et même quelques chemises à carreaux assez audacieuses. Je sens que je fais tâche. Mon tour arrive. Le marabout écoute mes doléances. Je replace les mots magiques préalablement mémorisés : virus, internet bloqué, crise de nerf annoncée. Je ressors avec une liste de médicaments à télécharger. L'espoir renaît.

 

Etape 2 : prise de contact téléphonique avec un apprenti druide de l'informatique.

 

La première potion n'a pas fonctionnée. On me parle d'un autre druide, une connaissance éloignée, étudiant en informatique, " passionné par ce qu'il fait ". On me conseille de l'appeler après 19h mais avant 21h. Précis. J'appelle. J'explique. Au bout du fil le mage hésite et se contredit. Il ne sait pas. M'indique deux ou trois formules magiques. En vain. Il doit être déconcentré, faut dire « qu'à distance comme çà, au téléphone il ne peut pas grand-chose pour moi ». Charlantan, va !

 

Etape 3 : la rencontre de la dernière chance avec un druide non professionnel mais autodidacte

 

Un contact de mes parents. Je le connais un peu, je l'ai croisé quelques fois. Je me souviens surtout de son légendaire jogging en molleton vert sapin resserré en bas©, de ses tee-shirt publicitaires, le tout porté été comme hiver avec des mocassins noirs. Compte tenu de ma situation désespérée, je m'abstiens de toute remarque déplacée. J'en conclue finalement que le jogging en molleton vert sapin resséré en bas©

 est un parti pris esthétique intéressant. En vérité, il se contrefout de l'apparence et a d'autres chats à fouetter ou plutôt d'autres ordis a programmer.


Bref. Ce Magicien Informaticien là, c'est une pointure. Il préfère être honnête, ma situation est grave, mon ordi est infesté de spywear. What ? Des logiciels espions dits chevaux de Troie. Apparement, je n'en ai pas qu'un mais plutôt toute une écurie. Les mesures prises sont radicales. Le désenvoûtement commence. Nous nous éloignons moi et mes ondes négatives. La formule a fonctionnée. Je ne veux pas d'explications. Ma mémoire vive est saturée.

"Et ton histoire d'ordi et de chevaux, c'est réglé?"

 

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