Chez l'coiffeur c'est pas (toujours) l'bonheur
Le RDV était pris, tous les espoirs permis. Les ciseaux allaient claquer, les rasoirs raser, mes cheveux apprécier. 10H30, c'est l'heure. J'pousse la porte, ça fait gling-gling comme dans les films. Le séchoir s'arrête, le sourire s'esquisse. Un p'tit « Bonjour-vous avez rendez-vous-c'est noté-si-vous-voulez-bien-patienter ». J'dévore les magazines. Par n'importe lesquels. Les interdits, les Voici, les Gala, les Hola!, les ça craint de lire çà. On vient m'chercher. On passe au bac. Pas trop chaud, pas trop froid, la température ça vous va. Sous l'jet, j'la jette mon ancienne tête. Cheveux mouillés, le corps emballé dans un sac poubelle rose de protection, la magicienne peut entrer en scène. J'lui explique. Pas trop court, pas trop long, pas trop d'frange, pas trop d'gel. Hochement gauche-droite de tête, une atmosphère à couper aux ciseaux, la tension à son paroxysme. On récapitule. Une coupe courte mais pas courte, effilée mais pas trop, sans frange mais avec frange, comme sur la photo. J'souris. Au delà des mots, j'crois qu'on s'est bien compris. La magicienne commence, s'affaire, invoque les puissances capilaires. Baisser la tête, relever, rebaisser, relever. Le bip bip du casque chauffant. L'Etat d'alerte. Y'en a une qui commence à avoir chaud sous l'bonnet. Ma coiffeuse est aussi pompier et court sauver la mêmé d'à côté. La coupe est terminée, ça vous plé? Sourire crispé, ne pas la ramener. Se lever, les yeux embués, les espoirs envolés. Payer. Rentrer. Pleurnicher. Exagérer...Puis regretter. C'est décidé, j'crois que j'vais y retourner. Bah quoi, si on a pas le droit d'se tromper...
"Oh mon dieu, qu'est-ce t'as fait à tes ch'veux"