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Mon sitcom
22 août 2005

Minute, papillon.

battement1

Eprouvant les plus grandes difficultés a trouver un début correct à ce post, exceptionnellement* (*ou comme d’habitude c’est au choix) il n’y en aura pas. Le "Alors oui effectivement" placé ci-après fait office d’entrée en matières ou plutôt de pieds dans le plat. Merci de votre attention et bon shopping chez h&m* (*veuillez m’excuser pour cette publicité intempestive n’ayant aucun lien avec ce qui va suivre. En vérité, cette annonce entendue il y a quelques jours en plein essayage me hante. Elle vient de se manifester. La phrase fantôme exacte étant : "afin de vous évitez une attente trop longue en cabines d’essayages, nous vous informons que nous échangeons ou remboursons tout article qui ne vous conviendrait pas dans un délai de trois semaines sur simple présentation de votre ticket de caisse. Merci de votre attention et bon shopping chez h&m"). Je me suis donc à mon insu lancé le défi de mémoriser cette phrase par cœur, donc le superflu, pour mieux oublier l’essentiel : programmer mon réveil, noter mes rdv, me souvenir des prénoms, garder quelques chouettes souvenirs en poche.

Société de conso un jour c’est sûr tu auras ma peau.

Re-mercie pour votre attention et votre (plus grand) respect envers les bizarreries de chacun. Faisant actuellement l’objet d’une enquête poussée, vous dévoiler ce genre de fait relève par conséquence de l’inconscience. Altruiste donc désireuse de vous faire partager ce détail (mais néanmoins captivant) de mon existence je brave donc le danger* (*là c’est la fin de la phrase, accordez vous quelques minutes de repos avant de poursuivre cette douloureuse lecture ou bien fuyez sans vous retournez loin, très loin, avant qu’il ne soit trop tard).

En résumé : pour vous, je prends donc tous les risques. 

- Là, maintenant, place au (vrai) début -

Alors oui effectivement, je connais le fameux effet papillon. La théorie est la suivante : la plus petite variation d’un élément peut s’amplifier progressivement jusqu’à provoquer des bouleversements à l’échelle mondiale. Il n’est donc pas exclu qu’un simple battement d'ailes de papillon à Paris puisse provoquer quelques semaines plus tard une tempête sur New York. A la lueur de cette savante définition, tout s’éclaire. Je suis fréquemment la malheureuse victime de ce satané effet mais à une petite différence près : les conséquences n’outrepassent jamais les limites de mon petit univers ou bien, je le concède, décoiffent parfois très légèrement mon valeureux mais bienheureux "entourage". Pour bien comprendre ce phénomène surnaturel il faut remonter au mercredi 17 août dernier, date de mon dernier cataclysme personnel. Au départ, un grain de sable, un presque pas grand chose, le fameux battement de rien du tout. Ce qui va suivre n’est pas un décompte et ne comporte aucun suspense. Tout le monde ne s’appelle pas Jack Bauer. Il est encore temps de partir en claquant doucement la porte.

- Là, maintenant, c’est le moment du (vrai) développement -

16h35 :

me voici comme l’exigeait mon planning au sein d’un bâtiment psychédélique. Petite précision : l’ambiance n’a rien de psychédélique et la déco non plus d’ailleurs, c’est juste que sa construction remonte aux 70’s. Etant donné que les raccourcis sont toujours extrêmement tentants et que le psychédélisme débridé fait toujours vendre, vous comprendrez sans mal ma démarche. Bref, je suis à la bibliothèque (un acte hautement non psychédélique), patientant comme je peux dans la file d’attente (ça aussi d’ailleurs). Moment de flottement. Mon voisin de file* (*non pas mon vrai voisin, non, non pas celui du post d’avant) me fait part de ses doutes existentielles : "je ne comprends pas pourquoi il n’embauche pas plus de monde""oui, oui, c’est vrai ça" (rire poli) - soupir de rigueur - sourire de compréhension ». Des moments amicaux, d’intense complicité, les yeux dans les yeux, ou plutôt les yeux sur le cadran. D’habitude je fais des efforts mais là vous comprenez j’ai ce satané papillon* qui me vole dans le dos (*il faut suivre un peu, on va pas s’en sortir).

16h40 :

le battement d’ailes c’est ici et maintenant. Au poste des retours de prêts c’est l’état de crise. Une personne a tenté de rendre un bande dessinée tâchée. Astérix est outré. Le responsable n’en mène pas large. Au poste de commandement, la procédure est appliquée à la lettre : "Eliane* (*la responsable de la cellule, des retours), tu peux venir s’il te plait j’ai un livre suspect, tâché". La machine se grippe. Les conséquences ne se font pas attendre : je ne serai jamais à l’heure pour prendre le train* prévu à 17h20 (*ce qui implique : choix des vêtements, chaussures et accessoires, tentative(s) de fermeture de valise). Je vois d’ici vos réactions : bah quoi c’est ça l’effet papillon, un malheureux contretemps ? Patience, vous étiez prévenus pourtant il n’y pas de suspense.

17h00 :

après inspection du livre, le conflit est désamorcé. Arrive enfin mon tour. Tentative de sympathie. Non décidemment l’amabilité en zone bibliothécaire relève de la vulgarité.

18h00 :

le papillon gagne du terrain, je suis dans l’obligation de prendre le train suivant. Armée de livres et magazines jusqu’aux dents, j’envisage déjà le pire, craignant un de ces têtes à têtes pesants expérimenté il y a quelques semaines* (*il faudra me faire penser à vous raconter mon délicieux Lyon-Paris en compagnie d’un médecin légiste. Ce jour-là le destin m’avait soigneusement planifié deux heures exquises et quelques cadavres - extrait : "le plus difficile dans l’autopsie ce sont les enfants, leurs organes ne sont pas encore tout à fait formés, du coup c’est un peu mou [silence - le paysage défile] Et alors vous vous faites quoi dans la vie ?".)

18h15 :

bagages casés, voisin de train* (*non pas mon vrai voisin, non, non pas celui du post d’avant) endormi donc extrêmement plaisant. Le sort est conjuré. Cette foutue histoire de battements d’ailes envolée.

- Là, maintenant, c’est le moment du (vrai) sujet de ce post -

18h25 :

le conducteur de ce paisible train se met à klaxonner* (*oui, un train peut klaxonner). S’en suit un freinage d’urgence. La jeune femme assise derrière moi en profite pour tester sa puissance vocale dans les aiguës. J’apprendrai plus tard que "lorsqu’elle a peur, elle ne peut pas se retenir, il faut qu’elle crie". Ce sont ses mots. Etrange ce bourdonnement dans mon oreille droite. Silence de nouveau dans la rame. Apparemment Jacadi a dit tout le monde assis.

18h35 :

le contrôleur, chemise ouverte jusque-là où le torse perd son nom* (*je ne sais toujours par à l’heure où j’écris ces lignes si ce détail vestimentaire est bien une conséquence du au stress engendré par le freinage d’urgence), nous prie de bien vouloir descendre avec une diplomatie hors normes : "Allez, je ne veux voir plus personne dans ce train d’ici cinq minutes, ON a tué quelqu’un sur la voie".

Le ON est-il teinté de suspicion ? Doté de pouvoirs extralucides, a t-il deviné la présence d’un élément maudit* (*moi). Ma voisine* (*celle qui crie) m’apprend "qu’un petit pépé et son chien sont passés sous le train". Sur la conscience c’est un peu lourd.

18h45 : nous voilà tous débarqués en pleine campagne. Tentant de ne pas céder à la panique, j'évite d’appeler tout mon répertoire à l’aide* (*d’autant plus que je n’ai presque plus de batterie, putain de papillon). Un peu plus loin les curieux se tordent le cou afin d’apercevoir un bout de bras ou de patte du "petit pépé et de son chien qui sont passés sous le train". L’animal social a senti l’odeur du sang et compte bien ramener dans sa tanière un morceau d’anthologie.

18h55 :

aux abois je décide de me rallier à la tribu des femmes regroupée plus loin. Là-bas c’est le défouloir, chacune vide son sac. L’une d’elle fond même en sanglots* (*mais dignement en reniflant dans un, son pull) comme ça, sans raisons précises. "C’est sûrement le contre coup" m’explique une fille du sud tous bling bling dehors. On ne se connaît pas mais le groupe des femmes fait bloc. De mon côté, je taille la bavette avec une bretonne. Oui, elle regrette de ne pas être partie plus tôt et souffre atrocement dans ses mules à talons achetées en soldes "pas vraiment conçues pour marcher dans les champs". Partageant la même vision de la vie, nous voilà copines. On est même vachement complices. La preuve, je veille sur sa veste "à laquelle elle tient, c’est un cadeau" et ses bagages "à roulettes c’est quand même plus pratique quand on a des correspondances" lorsqu’elle s’éclipse accomplir plus loin et en toute dignité un besoin primaire. Glamour quand tu nous tiens.

19h30 :

les minutes passent, peu paisibles. Cadre bucolique sous les lumières des gyrophares. On ne nous fait pas patienter. J’ai les larmes aux yeux en pensant au pépé. Mon ancienne voisine* (*celle qui crie) me précise que le chien a été projeté au moment de la collision. Les gens sont parfois pavés de bonnes attentions.

20h35 :

15 ans tout au plus. En crise c’est une certitude. Une ado me fixe et non je ne suis pas paranoïaque. Nous jouons d’abord au jeu du qui regarde qui. Puis nous évoluons vers le bon vieux duel du premier qui baisse les yeux. Toutes les deux réunies par cette même couleur rouge sang que nous arborons sur les ongles. J’ai peur. Venez me chercher.

20h45 :

poitrail toujours à l’air, le contrôleur nous convie à bien vouloir reprendre place à bord du train : "Allez, tout le monde remonte c’est bon, TOUT est déblayé". Assise à côté de ma nouvelle copine bretonne et ses nombreuses anecdotes. J’ai le droit au récit complet de son vol de portable sur le Lyon-Rennes alors que la malheureuse se rendait aux toilettes. Merci le papillon.

21h00 :

depuis quelques minutes, un passager alcoolisé effectue des allers-retours hasardeux dans l’allée, bière à la main (d’autres dans un sac plastique), léger filet de bave aux lèvres. Ma bretonne est passablement énervée, non parce que "vraiment quelle (fin) de journée !".

21h30 :

la terre promise, non sans hâte je gagne la sortie. "Bon, bah, bonne fin de voyage, hein, allez, courage". Egoïsme forcené.

21h40 :

Devant la gare. Un gars aux cheveux violet, avec un rat sur chaque épaule me demande l’heure. A ce point de l’intrigue plus rien ne peut me surprendre. Il pourrait tout aussi bien porter un justaucorps en panne de velours mordoré parce qu'en ce 17 août, 21h40, je prends défintivement goût à l'insolite.

- Là, pour finir c’est la (vraie) conclusion -

L’effet papillon n’est pas une invention :

Livre tâché > contretemps > autre train > collision d’un petit pépé et de son chien projeté plus loin > "Non mais vraiment il n'y a que toi pour vivre des trucs comme ça".

Quoi comment ça j’aime les chemins de traverse ?

"Tu sais, tu devrais sérieusement penser à diminuer ta consommation de parenthèses"

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Commentaires
I
pounif
L
si, si c'est drôle...Et le fait de trouver ça drôle c'est peut être ça qui n'est pas drôle. Au fond (très au).
L
oui<br /> mais c'est pas très grave<br /> si ?<br /> j'ai pas bon ?<br /> ah...
L
vinzz> l'émotion sans doute...<br /> Alicepatte> merci et merci de comprendre mes obsessions jinglesques.<br /> Lapo> je vais y réfléchir quand même.<br /> Olenka> oui, je vais essayer de l'appliquer quotidiennement.<br /> Orel> merci et je vais aller faire un tour sur ton blog. <br /> lelapin> merci, tousa, toussa...Mais quand on y réfléchit c'est quand même pas très drôle. Merde je crois que je suis cruelle.
L
clap clap clap clap clap<br /> merci mademoiselle vous avez réussi l'exploit de me faire marrer aujourd'hui - désolée pour le drame, toutes mes pensées au p'tit pépé tout ça tout ça
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